31 juillet 2006

Souffrance sans Limites


"Véritablement, il portait nos maladies.
C'était de nos douleurs qu'il s'était chargé, et nous,
nous le considérions comme un chatié,
que Dieu avait frappé et qu'il humiliait.
Mais lui, il fut perçé à cause de nos fautes,
il a été broyé par nos iniquités.
Le châtiment par quoi la paix nous fut donnée, il l'a subi ;
ses plaies sont notre guérison"
(Is 53)






La souffrance du Christ sans Limites n'est pas un attribut métaphysique, une expérience psychologique, un impératif moral. Il ne saurait être un sentiment humain et subjectif que l'on veut déifier.

Pour l'approcher, il faut élargir notre vision aux dimensions de la Souffrance universelle.
C’est du dedans que Dieu connaît la peine des hommes.
« N’attristez pas le Saint-Esprit » nous dit Saint Paul (Ep 4,30). Dans notre monde pécheur, chaque fois que nous couvrons la voix de la Colombe et que nous nous fermons au murmure de ses suggestions, nous « Eteignons l’Esprit » (I Th 5,19). Nous éteignons le Don du père à son Fils, nous nous fermons au Logos, nous éteignons le Don par excellence, l’extraversion et l’abnégation sans Limites, nous nous coupons du mérite parfait et incontestable.

La souffrance sans Limites, la "souffrance de Dieu", est un acte libre par lequel Il assume volontairement la douleur du monde et la peine des hommes. C’est comme si « Quelque chose » en Dieu, d’une manière transcendante, ineffable et souveraine, assumait la souffrance de la création.

Comment ? en rendant simultanées la souffrance et la victoire.
La souffrance acceptée, assimilée, illuminée, transfigurée devient alors la matière même dont Dieu tire son triomphe : par la passion du Christ renouvelée dans la « passion de l’Esprit ».



26 juillet 2006

Le sens de la souffrance

Retrouver le noyau vital, ce qui fait vivre.
Découvrir donc la force qui porte.
La supporter et, de ce fait, ne plus subir.
Se sentir libre.
Entreprendre de le rester....





Souffrir veut dire subir le mal. Dans son corps. Dans son âme. Dans sa vie.

Qui ne supporte rien est dans un état de douleur continuelle. Esclave de ses plaisirs du fait de la douleur du manque, il devient tyran des autres et du monde afin de combler ses manques.

On se voit souffrir. Cela augmente la douleur. « Qui accroît sa conscience accroît sa douleur », est-il dit dans la Bible. L’expérience le vérifie.

La douleur intéresse la science. Elle lui fournit des renseignements précieux.
Elle intéresse aussi l’artiste, qu’elle fascine par son esthétique.
On l’utilise constamment. En pédagogie. En morale. Dans la justice. Pour marquer les esprits, les faire plier ou les faire avancer.

Enfin, la souffrance intéresse la religion. Celui qui souffre comme le héros a un coté exemplaire, donc fondateur. Il fait avancer l’humanité dans le domaine des dieux et pas simplement dans celui des hommes.

On prétend que la souffrance grandit l’homme. Elle le brise le plus souvent, tant on apprend mal dans la douleur.
Cela vaut pour la religion. Dieu qui a créé la vie ne veut pas la destruction de celle-ci. La religion, qui prône la douleur pour payer ses fautes ou pour progresser, l’oublie. Elle transforme le Dieu de la vie en un Dieu de la mort, ivre de sang et de vengeance.

On imagine le bonheur comme étant l’absence de souffrance.
C’est l’inverse qui est vrai. Il n’y a pas de plus grand bonheur que de pouvoir souffrir au sens de supporter. C’est ainsi que l’on éprouve toutes les forces que l’on a en soi. …son sens ne réside pas dans le fait de justifier le mal que l’on subit, comme cela a tant été fait, mais dans celui de libérer les forces qui aident à ne plus subir.

Quand tel est le cas, une mutation s’opère. Le « pourquoi moi ? » que crie celui qui se sent injustement frappé par la vie se transforme en un «pourquoi pas moi ? ».

Bertrand Vergely

Adam et Eve

Il n'y a jamais eu d'Adam et Eve au paradis terrestre !

Ce jardin d'Eden, jardin de " jouissance " est au-dedans de tout être humain, de tout Adam - Adam est l'homme et la femme - lorsqu'il assume ses normes ontologiques, c'est-à-dire lorsqu'il se retourne au-dedans de lui-même et qu'il entre en communication avec Ishah, cette " autre " qui est en lui, son épouse intérieure.

Ishah, dans son union avec Adam, constitue un aspect du jardin d'Eden.

Lorsqu'il n'est pas tourné vers le dedans de lui-même et dans l'union avec Ishah, l'Homme est en exil ; dans cette situation dite " de chute ", d'exil, Ishah non épousée peut déterminer notre enfer ; elle est refoulée dans les profondeurs inconscientes et devient alors l'objet de la légende de Lilith, dite " la première femme d'Adam ".

Mais que signifie " première " lorsque la scène se joue en amont de l'exil, c'est-à-dire hors du champ de l'espace-temps historique ?

Dans cette situation d'exil, Ishah l'oubliée reste présente au-dedans de chaque être humain, jouant tantôt les inspiratrices, tantôt les démones.

Mais sur la scène historique de l'exil, Eve apparaît :

elle est la femme devant l'homme, qui prend le nom d'Adam ; Eve met au monde l'enfant dans le contexte animal qui nous est commun, mais qui ne constitue pas la vocation ontologique première du véritable Adam.

Toutes les traditions rendent compte du drame de cet exil :

Prométhée, chez les Grecs, dérobant le feu du ciel avant d'y être introduit ; son épouse, Pandore (dont le nom signifie " tous les dons ") ouvrant la boîte interdite et répandant sur le Terre des dons qu'elle ne sait gérer ; les hommes de la Tour de Babel tournant le dos à leur " Orient " et faisant une percée dans la plaine de Shinéar (celle " où l'on crie " et " où l'on titube "), tous sont comme Adam, prenant le fruit de l'Arbre de la Connaissance, que lui tend Ishah, au lieu d'attendre de le devenir lui-même.

Privilégions notre propre tradition et focalisons notre regard sur le Livre de la Genèse, que nos traducteurs ont lu à l'aide de leurs lunettes d'exilés.

Les deux premiers chapitres rapportent l'état d'Adam en amont de cette situation d'exil, dans un espace-temps autre que celui de notre commune expérience actuelle ; ils faussent donc d'entrée de jeu le discours.

" Au commencement Dieu créa les cieux et la terre ", disent-ils.

Il ne s'agit nullement du commencement historique.

Bereshit, ce mot qui, pour les Hébreux, contient toute la Torah, ce mot intraduisible peut être rendu au moins mal par " dans le principe ", en arche en grec, in principio en latin ; cette traduction est préférable, à la condition que nous comprenions que ce " principe " nous habite en chaque instant.

Cet " instant " - le kairos grec - se rapporte à l'espace de l'intériorité de l'Homme ; il est le seul moment du temps intérieur avec lequel puisse s'articuler le temps historique dans son présent - le chronos grec.


La langue grecque possède deux mots pour distinguer ces deux qualités du même temps :

l'instant de l'intériorité, lourd du " principe " divin fondateur de l'être, et l'instant du monde extérieur, dont la répétition banalisante structure le déroulement de l'exil, laissant l'Homme totalement inconscient, et de plus insatisfait !

Bereshit, ce " principe " en lequel tout est créé, est encore appelé par la Torah " l'Orient " de l'être, ou le " très antique ", mais un Orient qui appartient à la géographie de l'âme et un antique qui se trouve à ses origines ontologiques :

" Dans le principe Dieu créa... "

Ce temps passé du verbe créer convient tout aussi peu à l'oeuvre divine, qui se joue de toute éternité.

L'éternité n'a rien à voir avec la succession indéfinie de notre temps d'exil ; temps divin, l'éternité lui est totalement transcendante, mais lui devient immanente en chaque " instant " de l'intériorité, vécu en communion avec le " principe " divin de l'être.

Le Nom de " Elohim " est ici révélé pour désigner non pas la Personne divine, innommable, mais l'Innommable dans sa fonction créatrice.

Enfin, dans ces mots, " Dans le principe Dieu crée les cieux et la terre ", il s'agit de " cieux et terre " qui sont à l'intérieur de nous car, si le temps n'est pas celui de l'exil, l'espace n'appartient pas davantage au monde qui nous est extérieur.

" Cieux et terre " sont, en hébreu, shamaïm (shem, " le NOM " ; maïm, " les eaux "), et erets le " sec ".

" Dans le principe Dieu crée l'humide et le sec ", pourrait-on traduire, en précisant que l'humide est lourd du NOM, c'est-à-dire du Verbe divin qui fonde toute chose.

En Adam, l'Homme, qui sera dit plus loin " image de Dieu ", repose le NOM, " image de Dieu ", repose le NOM, image de Dieu, dans sa fonction d'Incarnation, YHWH, " JE SUIS ".

Chaque être humain est un germe de " JE SUIS ", un " JE SUIS en devenir d'être.. ", car tel est le NOM révélé à Moïse dans son expérience du buisson ardent (Exode 3,14).

" Je suis qui je suis " est une traduction faussée de ce verset, car le verbe être est employé ici, en hébreu, à la forme inaccomplie.

Ce NOM secret de chacun est au coeur des eaux comme un enfant dans le sein d'une mère.

Les eaux ne peuvent être saisies, elles symbolisent l'inconnu que les Hébreux appellent " l'inaccompli ", car elles recèlent un potentiel d'énergies infini destiné à être réalisé pour construire le NOM.

L'inaccompli est aujourd'hui comme l'inconscient ; par rapport à lui, la terre, le " sec ", serait le conscient.

La présence du shem (le NOM) dans les maïm (les eaux), sa puissance amoureuse et créatrice, est source d'une dynamique ontologique qui appelle les eaux à devenir du sec, l'inaccompli, de l'accompli, et l'inconscient, du conscient.


Cette dialectique fondamentale s'exprimera dans la suite du texte par :

" ténèbres-lumière ", ou encore " femelle-mâle ", dont nous allons découvrir le véritable sens.
Au Sixième Jour de la Genèse, Adam est en effet " créé Image de Dieu ", il sera " fait à sa Ressemblance ".

De l'Image à la Ressemblance s'inscrit la dynamique que je viens d'évoquer ; elle constitue la vie.

Les physiciens ne disent-ils pas que la vie est actualisation d'un potentiel d'énergies ?
L'énergie, disent-ils aussi, c'est de l'information.

Les informations qui habitent les shamaïm sont appelées à construire " l'Arbre de la Connaissance ", dont on ne peut dire qu'il est, dans son principe, celui " du bien et du mal ", mais plutôt celui " de l'accompli et du pas-encore-accompli ", ces deux pôles se rapportant au Germe divin que tout humain porte en gestation, à l'Orient de son être.

Dans la finalité de cet accomplissement, Adam est créé en même temps " mâle et femelle ".

Nos traducteurs n'ont vu en ces deux mots que l'homme et la femme dans leur nature animale, celle de l'exil.

Il est vrai qu'Adam est l'humanité toute entière, hommes et femmes, mais la dimension ontologique de cette double qualité est différente :
est " mâle " celui (ou celle) qui " se souvient " de sa " femelle ".
(Le mot hébreu zakhor recouvre le substantif " mâle " et le verbe " se souvenir ").
La femelle n'est autre que les shamaïm (les cieux), alors appelée adamah dans la fonction matricielle du shem (le NOM) qu'elle porte.

La adamah est mère (et mer) des profondeurs de tout être humain ; elle doit être cultivée - ce qui signifie qu'Adam doit faire oeuvre mâle en elle, en pénétrer chaque énergie, la nommer, la travailler, afin de construire l'Arbre de la Connaissance et de faire mûrir son fruit, le divin en l'Homme.

Adam a pour vocation de se mettre au monde ; dans ce sens, il a vocation de maternité.

L'Adam du Sixième Jour, encore confondu avec sa Adamah, baigne dans les eaux de l'inconscience ; les énergies de celles-ci, douées d'une vie autonome, jouent à la place de l'Homme et il ne le sait pas !

Ceci décrit la situation actuelle d'exil dans laquelle l'Homme est maintenu parce qu'il se détourne de lui-même et de Dieu.

L'Adam du Sixième Jour (et celui de l'exil) est incapable de travailler sa Adamah. " Il n'y a pas d'Homme pour cultiver la terre [Adamah] ", dit le texte du Septième Jour.

Nos traducteurs exilés ont déduit de ce verset de la Genèse l'inexistence de l'Homme, qui venait cependant d'être créé au Sixième Jour ; ils en ont conclu que ce deuxième chapitre de la Genèse constituait une autre Genèse, étrangère à la première ; et la critique historique d'aller bon train !

Or, ce deuxième chapitre de la Genèse décrit un jour où " Elohim se retire [shabbat] " pour que croisse YHWH, comme un père le fait devant un fils qui commence à affirmer son identité, car YHWH, JE SUIS, est l'identité réelle d'Adam, par laquelle il peut devenir conscient de lui-même.

En ce Septième Jour, un processus de différenciation s'accomplit entre Adam et sa Adamah ; l'Homme entre en résonance avec son noyau divin fondateur, il sort de son être collectif pour devenir sa personne et faire croître son arbre.

Elohim dit :
" l'Homme coupé de lui-même ne peut s'accomplir " (verset généralement traduit par :
" il n'est pas bon que l'homme soit seul ").

Elohim initie alors Adam à faire oeuvre mâle en lui-même, à nommer les animaux (énergies) de sa Adamah pour transmuter leur peau (ténèbres) en lumière (jeux de mots hébreux intraduisibles):
Elohim fait " communiquer " Adam avec lui-même dans des " face-à-face " incontournables pour son accomplissement.
Adam cherche le face-à-face total ; il est alors " endormi " d'un sommeil qui est en réalité un éveil, au coeur duquel Dieu lui montre la totalité de son autre côté.


Cet " autre côté " n'a jamais été une côte :

il est le côté " inaccompli ", donc encore voilé, de l'Arbre de la Connaissance qu'est Adam dans sa totalité ; il est " dressé " par Dieu, devant cet Adam, en " épouse ", Ishah, dont Adam est l'époux ; Ish.
Ishah est l'autre nom des shamaïm, les cieux, appelés Adamah en tant que mère des profondeurs et maintenant Ishah, " épouse " d'Adam.


Lorsque Adam découvre son épouse et l'enfant divin qu'elle porte, il vit une extase et s'écrie :

" Voici celle qui est os de mes os et chair de ma chair " ce qui en hébreu signifie : " Voici celle qui est la substance de ma substance [qui se tient cachée sous les apparences] et l'Image divine que je suis ".
Car la " chair ", basar, " scellée dans les profondeurs de cet autre côté " est l'Image divine fondatrice, constituée de bar, le " Fils " (le shem) et d'une présence secrète symbolisée par la lettre médiane de ce mot, le shin, première lettre du mot shem, le NOM, dont l'idéogramme primitif (flèche retenue au bout d'un arc tendu à l'extrême) exprime " l'esprit " qui est en l'Homme.

L'esprit est puissance de l'éros qui (départ de la flèche) rend capable l'accomplissement du Fils (le logos grec).

La puissance de l'éros est, dans le principe, celle du désir infini de l'Homme pour son Dieu, qui ne peut se traduire dans un premier temps que par ses épousailles avec Ishah ; elle est une pulsion de vie informationnelle car elle transforme les énergies potentielles de Adamah en informations - le conscient - ; elle fait croître la sève de l'Arbre de Connaissance dont Adam va devenir le fruit :

le Fils -JE SUIS - totalement accompli.

Ce Grand'Oeuvre est possible, puisque maintenant " Adam et son Ishah sont deux ; ils connaissent le chemin qu'ils ont à faire ; ils ne sont plus confondus " ; ce verset, à un premier niveau de lecture est traduit par :

" ils étaient tous les deux nus et ils n'en avaient pas honte ".

C'est à cette hauteur du mythe qu'intervient, au milieu de tous les animaux (les énergies) intérieurs d'Adam," le serpent, Le plus rusé de toutes les énergies ".

Ici, la racine du mot hébreu arom " rusé ", est aussi celle du mot qui vient de qualifier Adam et son Ishah et que l'on a traduit par " nu " au verset précédent.

Le serpent doué de savoir et de savoir-faire est une émanation du Satan, l'Adversaire ; il va tenter de déstabiliser Adam en s'adressant à son épouse Ishah.

Ishah prend le fruit de l'Arbre de la Connaissance que lui tend le serpent-Satan ; elle le donne à son époux qui le mange.

Adam entre alors dans l'illusion totale d'être devenu JE SUIS ; ce " je " illusoire est l'ego du monde de l'exil, qui se trouve alors en relation avec l'extérieur des choses et d'Adam lui-même, mais coupé de l'intérieur, coupé d'Ishah dont il croit qu'elle est devenue sa totale lumière.

Réduit à l'état animal du Sixième Jour, Adam n'est plus que l'homme devant la femme alors seulement appelée Eve.

Eve devient mère biologique dans le monde extérieur alors que c'était à lui Adam, de devenir mère ontologique, mère du Fils intérieur, JE SUIS.


© Annick de Souzenelle

Du sublime dans l'abîme - Va vers toi !





L'histoire humaine est terrible, non parce qu'elle est vide, mais parce que l'humanité est promise à la grandeur. La détresse qui la frappe en est le signe. En montrant ce qui a été perdu, elle est la mémoire du sublime dans l'abîme.



Petite philosophie pour jours tristes
Bertrand Vergely







Détresse

Pourquoi Dieu laisse-t-il faire le massacre des enfants ? demande Ivan dans les Frères Karamazov de Dostoîevski. Cette terrible interrogation peut recevoir un début de réponse. Quand les hommes ne font pas de grandes choses, ils font de terribles choses. Quand ce n'est pas leur coeur qui est grand, c'est leur cruauté qui l'est.

On se scandalise de la détresse régnant dans le monde, quand la grandeur perdue de l'humanité crie en nous. Si la mémoire de cette grandeur n'existait pas, nous n'aurions pas le sens de l'injustifiable qui nous fait hurler.

Se révolter, en ce sens, contre l'idée d'une grandeur de l'homme, sous prétexte que l'horreur existe, est une profonde erreur. Il faut se servir de la mémoire de l'homme pour attaquer l'horreur existante et non se servir de l'horreur existante pour attaquer la mémoire de l'homme.

Aliénation

Pascal a pensé qu'il faut un changement intérieur et pas seulement extérieur pour soigner l'humanité. C'est la raison pour laquelle il a parlé de folie concernant celle-ci. Il a voulu signifier qu'il faut plus qu'une science face au mal qui accable les hommes. Une mutation de la personne s'impose.

Venant du latin alienus, l'aliénation caractérise le fait de devenir étranger à soi. Il s'agit là d'une formule heureuse permettant de comprendre la situation humaine consistant à ne plus être ce que l'on est sans avoir pourtant perdu son être.


Va vers toi !

Dans le récit biblique, l'homme n'est ni mauvais par nature ni maudit par Dieu. Il est devenu étranger à lui-même. D'où sa situation d'exil, ainsi que le rappelle Annick de Souzenelle dans l'Egypte intérieure ou les Dix Plaies de l'âme.

Face à une telle situation, il n'y a qu'un remède. Celui que donne Dieu à Abraham, quand il lui dit : "Va vers toi ! " Profonde parole. Il faut retrouver son être intérieur. Celui qui non seulement "est", mais qui est capable de devenir.

Vrai visage de toute joie




Le sage est invulnérable, alors il est visité par une joie que rien ne peut plus troubler.

Mais quelle est cette joie qui l’habite ? L’expérience même du mystère qu’il semble avoir atteint le taraude et le plonge dans une attente indéfinissable. La nostalgie la plus indicible hiverne au creux du sourire de Bouddha et dans les vertiges de Socrate buvant la ciguë...

Hiver de l’attente, car le coeur de l’homme ne peut être dans la plénitude sans la rencontre définitive, qu’est le visage du Christ, vrai visage de toute joie.
Le Mandylion

C’est pourquoi la joie des sages, comme d’ailleurs toutes nos joies à nous tous, quel que soit leur humble degré d’accomplissement, sont cette présence voilée du Christ, qu’on le sache ou non.

Ainsi peut-on voir la venue du Christ à l’oeuvre, se frayant son chemin vers l’homme à travers toutes ses joies. Elles sont toutes une annonce de sa venue. Mais la plénitude n’est que dans le face à face.

Si la joie est seulement un sentiment, alors à quoi bon ? Ce " malheur " (mal heureux), inhérent à la joie des sages, ne se résout que par la rencontre de la joie comme Personne, elle est Quelqu’un et l’homme, chacun de nous, ne peut se réaliser que dans la relation avec lui, en entrant dans sa joie à lui : Entre dans la joie de ton Maître, dit le Christ (Mt 25,21). Ici réside la nouveauté fantastique du Christianisme que ne pouvait soupçonner aucun sage de l’humanité et dont la joie pourtant était l’annonciatrice inconsciente, et dont chacune de nos joies aujourd’hui encore est porteuse...

Père Alphonse

La naissance de Jésus


Seulement deux des quatre Evangiles abordent la naissance de Jésus : ceux de Matthieu et de Luc. Marc n'en dit rien. Jean révèle brièvement, mais avec une densité exceptionnelle, le mystère de l'incarnation : «La Parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité» (Jean 1:14). Il faut donc se pencher sur les textes de Luc et de Matthieu qui, se complétant, permettent de reconstituer les faits dans leur succession chronologique.


1. L'annonce à Marie :
Luc 1 :26-38

Aux premiers mots que l'ange Gabriel lui adresse, Marie est troublée, comme toute fille du peuple l'aurait été devant une telle manifestation surnaturelle. Il la rassure aussitôt et lui révèle la grâce que Dieu lui accorde : enfanter un fils qu'elle devra nommer Jésus, qui sera grand, appelé Fils du Très-Haut et destiné à régner éternellement...

Mais Marie est vierge, fiancée certes, et cela au sens strict du terme. Alors elle s'interroge logiquement... Comment cela se fera-t-il ? Cependant, l'ange lui précise que le Saint-Esprit opérera en elle le miracle sans précédent de la conception par la puissance du Très-Haut. En conséquence, Jésus sera appelé Fils de Dieu.

Gabriel, pour confirmer qu'en effet rien n'est impossible à Dieu et encourager Marie à croire, révèle à celle-ci que sa parente Elisabeth, âgée et réputée stérile, est, de son côté, par la volonté du Très-Haut, enceinte de six mois.

Et là se situe le moment clé, suscité par Dieu «qui produit en nous le vouloir et le faire» (cf. Philippiens 2:13). Marie croit et se soumet totalement à la volonté divine : «Je suis la servante du Seigneur; qu'il me soit fait selon ta parole !»

Attitude exemplaire, qui ouvre toute grande la porte à la bénédiction. Voilà un témoignage de foi remarquable que Marie nous a donné et dont tout chrétien doit s'inspirer.
Une remarque : l'ange dit que Dieu donnera à Jésus «le trône de David, son père». Bien que Joseph, fiancé de Marie, ne soit pas intervenu physiquement dans la conception miraculeuse, les généalogies de Matthieu 1 et Luc 3 font passer par lui la descendance qui rattache le Messie à David et Abraham. On verra plus loin comment, par sa foi et son obéissance, le père protecteur, nourricier et éducateur de Jésus intervint aussi, de façon décisive, dans le déroulement du plan divin.

Les Evangiles ne disent rien de l'ascendance familiale de Marie. Il est cependant permis de penser qu'elle aussi était de descendance davidique, car Paul écrit, en Actes 13:23: «C'est de la postérité de David que Dieu, selon sa promesse, a suscité à Israël un Sauveur, qui est Jésus.»
Matthieu, dans sa généalogie, cite seulement Marie comme «épouse de Joseph». Ainsi, la filiation humaine qui donne à Jésus la qualité de Fils de l'homme, se trouve placée au second plan par l'Ecriture.


2. Visite de Marie à Elisabeth :
Luc 1:39-56

Informée par l'ange Gabriel du miracle opéré par Dieu en Elisabeth, devenue féconde malgré sa vieillesse, Marie va aussitôt rejoindre sa parente. La hâte qu'elle y met est significative de sa foi. Marie, dès le seuil de la maison de Zacharie, salue Elisabeth. Elle n'a pas le temps de dire autre chose. L'enfant conçu de six mois (le futur Jean-Baptiste) tressaille dans le sein de sa mère.

Simultanément, le Saint-Esprit descend sur Elisabeth et la remplit. Sans avoir été, au préalable, informée de quoi que ce soit, elle prophétise. Ses paroles, prononcées d'une voix forte, affirment avec puissance :
– la bénédiction de Dieu sur Marie et l'enfant qu'elle porte,– la grâce que constitue la visite de Marie,
– le fait que l'enfant porté par Marie est le Seigneur personnel d'Elisabeth,– que le tressaillement de l'enfant porté par Elisabeth est le signe d'authenticité donné par Dieu quant aux affirmations précédentes,
– que la foi de Marie est sujet de joie, car elle constitue la clé de l'accomplissement des choses promises. Marie, à son tour, animée par l'Esprit saint, prononce alors une admirable louange prophétique.

L'exaltation et la joie en marquent les premiers mots. Marie constate «sa bassesse», reconnaît son état naturel de perdition et son besoin personnel de salut, puisqu'elle qualifie Dieu de «mon Sauveur». Toutes les générations la diront bienheureuse, non à cause de ses propres mérites, mais en raison des grandes choses que le Tout-Puissant, par grâce, a faites pour elle. Elle est, en effet, bénéficiaire d'un miracle sans précédent dont les conséquences s'étendent à l'humanité tout entière.

Marie affirme ensuite avec force l'un des principes divins fondamentaux : la crainte de Dieu est, d'âge en âge, la clé de sa miséricorde, ceci en raison de la sainteté du Tout-Puissant. La puissance divine disperse les orgueilleux, renverse les puissants, dépouille les riches, mais elle élève les humbles et rassasie les affamés.

C'est exactement ce qu'enseignera et fera Jésus.
Dieu secourt Israël par l'incarnation de son Fils, de façon décisive et définitive, selon la promesse qu'il avait faite à Abraham et à sa postérité. Preuve évidente de sa fidélité.

Cette intervention simultanée de l'Esprit saint en Elisabeth et Marie est comme un double coup de trompette qui annonce l'entrée du Messie au sein de l'humanité. Par une femme trompée (Eve), Satan en Eden avait à l'origine réussi sa pénétration dans le monde, y introduisant le péché et la mort. Par deux femmes, librement acquises à la foi sous l'impulsion de l'Esprit, Dieu affirme son intervention libératrice, porteuse de vie. Marie est un élément fondamental dans la réalisation du plan de Dieu. Mais elle n'en est sans doute guère consciente, et elle se soumet simplement à l'ordre de Dieu.


3. L'annonce à Joseph :

Matthieu 1 :18-24

Joseph, homme de bien, fiancé de Marie, apprend de celle-ci qu'elle est enceinte dans des conditions sans précédent. Devant cette situation inouïe, infamante à ses yeux, il se résout à rompre. Mais il envisage de le faire secrètement, sans éclat, sans que le scandale s'ébruite sur la place publique. Car, si la chose était connue, Marie serait exposée à la lapidation par les Juifs, conformément aux prescriptions de la loi (Deutéronome 22:20 – 21).

Joseph ne veut pas avoir sur la conscience la mort de celle qu'il aime... Alors que ces pensées l'assaillent, un ange du Seigneur lui apparaît en songe. Il le tranquillise et lui ordonne de prendre Marie pour femme, car elle ne l'a pas trompé. L'enfant qu'elle porte a été conçu miraculeusement par le Saint-Esprit de Dieu.

Joseph reçoit aussitôt mission de donner à l'enfant le nom de Jésus, car il sauvera son peuple (Israël) de ses péchés. Matthieu précise que ces faits sont la réalisation de la prophétie d'Esaïe 7:i4 : «Voici, la vierge deviendra enceinte, elle enfantera un fils, et elle lui donnera le nom d'Emmanuel» (Dieu avec nous).
Sitôt réveillé, Joseph, mû par la foi, fait sans hésitation ni réticence ce que l'ange du Seigneur vient de lui ordonner. Il prend avec lui Marie pour en faire sa femme. Mais, et la précision est d'importance, il ne la connaît point (c'est-à-dire qu'il n'a point de relation sexuelle avec elle) jusqu'à la naissance de l'enfant promis. Lorsque celui-ci voit le jour, Joseph lui donne le nom de Jésus. Il devient son père adoptif.

Marie n'a donc été vierge que jusqu'à l'accouchement à Bethléhem. Ensuite, elle a eu la vie normale d'une femme mariée. Joseph est devenu son époux au plein sens du terme. De plus, seul avec sa jeune épouse, Elisabeth et Zacharie, à connaître le mystère de l'incarnation, il protégera la respectabilité de Marie devant les hommes. Il sera «comme on le croyait» père de Jésus (généalogie de Luc 3:23).

4. Naissance de Jésus :
Luc 2:1-7

Le recensement ordonné par César sur toute l'étendue de l'empire romain amène Joseph, désormais chef de famille, accompagné de sa fiancée (mais officiellement sa femme, d'autant qu'elle arrive au terme de sa grossesse), à se déplacer de Nazareth où ils résident, à Bethléhem. C'est en effet de cette seconde ville que sont originaires ses ancêtres, descendants de David.
C'est là, dans une simple crèche, que Jésus naît, car en raison de l'affluence momentanée, toutes les hôtelleries sont bondées.

Marie, jusqu'à ce jour, n'a jamais «connu» d'homme. C'est donc bien une vierge, fait hautement miraculeux, qui vient d'enfanter. Le texte évangélique met en lumière l'ascendance davidique de Joseph. Bien que n'étant pas le père naturel de Jésus, le voilà placé au premier plan.


5. L'annonce aux bergers :
Luc 2:8-20


Un nouveau miracle, immédiatement consécutif à la naissance de Jésus, se produit au soir de ce jour mémorable. Un ange de Dieu, dans la gloire resplendissante, apparaît soudain à des bergers qui gardent leurs troupeaux. Ces hommes, surpris, sont terrorisés et ne savent que penser. Mais l'ange les rassure aussitôt.

Il vient leur apporter une bonne nouvelle qui causera une grande joie à tout le peuple juif : aujourd'hui, à Bethléhem, la ville de David, un Sauveur vient de leur naître ! C'est le Christ, c'est-à-dire le Messie qu'attendent tous les Israélites pieux. Et l'ange leur donne des indications précises pour le reconnaître : le petit enfant, emmailloté, est couché dans une crèche. Fait inhabituel, car la litière est normalement réservée au bétail.

Puis la multitude des anges (l'armée céleste) fait résonner sa louange et proclame la paix parmi les hommes approuvés de Dieu.
Aussitôt, les bergers décident unanimement de se rendre à Bethléhem pour voir ce qui vient, de façon si miraculeuse, de leur être annoncé. Partis en hâte, ils trouvent Marie, Joseph et le petit enfant couché dans la crèche.

Ainsi, Dieu, par son intervention, suscite les premiers témoins de l'Evangile: d'humbles bergers anonymes. Ayant vu le bébé, ils racontent près de la crèche de quelle façon surnaturelle ils ont été divinement avertis de sa naissance et du lieu où ils le trouveraient. Tous ceux qui les entendent sont étonnés. L'attention des Israélites se trouve, de la sorte, attirée sur l'enfant qui vient de naître. Marie, quant à elle, est frappée plus encore que quiconque par la succession et les recoupements des faits. Sachant ce qu'elle sait, elle récapitule et retient tous ces événements miraculeux, émerveillée devant de telles démonstrations de la puissance et de l'omniscience de Dieu.

Les bergers, de leur côté, retournent vers leurs pâturages. Mais ils le font en témoins enthousiastes, dans la louange. Dieu ne les a pas trompés : ce qu'ils ont vu et entendu à la crèche était bien conforme à l'annonce de l'ange.
Dans ces circonstances, Marie n'a qu'un rôle passif. Les révélations se manifestent en dehors d'elle. Elle en enregistre l'accomplissement. Déjà, les événements la dépassent.


6. La visite des mages :
Matthieu 2:1 – 12


Les mages d'Orient, savants astrologues rompus à l'interprétation des phénomènes naturels, ont observé dans le ciel une nouvelle étoile dont l'éclat exceptionnel a captivé leur attention. Ils en déduisent que «le roi des Juifs vient de naître», car l'astre brille en direction de la Judée. Leur sens divinatoire ne les trompe pas. Alors, ils vont chercher de plus amples renseignements à la source et arrivent à Jérusalem.

Là, c'est au sommet qu'ils s'informent spontanément, auprès du souverain régnant, Hérode. Où, mieux qu'au palais, peut-on prendre des nouvelles d'un roi nouveau-né ? Notons au passage que la divination ne les a qu'incomplètement avertis.

On comprend l'émoi d'Hérode, le cruel despote, collaborateur de l'occupant romain. Dans la bouche des «sages» venus de l'Est, l'annonce de la naissance du «roi des Juifs», un rival inattendu, prend une inquiétante résonance. Avec le souverain, tout ce que Jérusalem compte de notables influents, plus ou moins liés à la cour, s'émeut, se sentant menacé du même coup. Hérode convoque rapidement les savants du peuple : les principaux sacrificateurs et les scribes, versés dans les Ecritures, pour s'informer auprès d'eux du lieu où le Christ devait naître. Le roi sait bien où trouver les indications fiables concernant le Messie...

Aucune hésitation de la part des spécialistes consultés. Ils répondent aussitôt : «A Bethléhem, en Judée», selon la prophétie de Michée 5:1 (énoncée sept cent cinquante ans plus tôt !).
Hérode ne doute pas un instant de la chose. Il prend perfidement à part les mages et s'informe avec soin auprès d'eux du moment où l'étoile a commencé à briller. Puis il les envoie à Bethléhem, leur demandant de lui amener des informations exactes sur le petit enfant, car, dit-il, je veux aussi aller moi-même l'adorer.

Enorme mensonge ! Hérode est, en réalité, résolu à supprimer l'enfant, qu'il considère comme une grave menace pour son trône... Et voilà nouée la première coalition des ennemis implacables de Jésus : les pouvoirs religieux et temporel juifs. Ces hommes influents ne sont, de fait, que les jouets inconscients d'une puissance qui les domine : celle de Satan, qui tente dès l'origine d'arrêter l'œuvre divine du salut. Et comme il est meurtrier dès le commencement...

Et les mages, ne se doutant pas du processus destructeur qu'ils viennent de déclencher sans le vouloir, partent pour Bethléhem. L'étoile va les guider jusqu'à la maison. Ils y voient le petit enfant avec Marie, sa mère. Ils se prosternent devant Jésus et l'adorent, en reconnaissance de sa royauté. Puis, les mages ouvrent leurs trésors : or, encens et myrrhe. Présents prophétiques, en vérité. L'or annonçant le royaume, l'encens le sacerdoce et la myrrhe, la mort expiatoire.
Ces cadeaux de grande valeur seront précieux à Joseph et Marie pour effectuer, ultérieurement, leur voyage et leur séjour en Egypte. Ici se place une nouvelle intervention miraculeuse du Seigneur. Les mages vont repartir. Passeront-ils par Jérusalem, pour renseigner le roi Hérode, comme il le leur a demandé ? Non, car Dieu les avertit en songe de ne pas le faire. Et, comme il est maître de toutes choses et produit en nous le vouloir et le faire, il persuade les savants astrologues de retourner dans leur pays par un autre chemin.

Plus tard, Hérode, furieux d'avoir été joué par les mages (en réalité par Dieu), ordonnera le massacre des innocents en bas âge, croyant ainsi supprimer parmi eux son rival exécré. Il se montre ainsi, de façon évidente, l'instrument de Satan.

On remarquera qu'à l'occasion de la visite des mages, Marie est seulement citée. C'est à Jésus, non à elle, que l'adoration et les présents sont offerts. Si la visite et le témoignage des bergers l'avaient profondément touchée, ici Matthieu ne dit rien de ce qu'elle ressentit. L'étonnement, sans doute, devant la venue de ces étrangers riches et puissants, et leurs prodigieux présents. Mais Marie n'a pas discerné le danger qui, derrière ces apparences flatteuses, pesait sur son saint enfant. On le verra plus loin.
Ainsi, la visite des mages, dont Matthieu ne donne ni le nombre, ni les noms, constitue le premier hommage des païens à Jésus. Elle constitue aussi, parallèlement, la première attaque en règle de l'ennemi. La fuite en Egypte va s'ensuivre.

Trouver l'âme soeur - A mes enfants ...


Trouver l'âme soeur est une préoccupation majeure

De nombreux média cherchent à mettre en contact les gens : " Vous êtes un [ou une] célibataire, vous avez 18 ans minimum, vous cherchez l'amour, écrivez à Femme Actuelle… ". Vous y trouverez " Véronique, féminine et tendre, Patrice, un jeune papa qui assure, Philippe un homme droit qui ne vous mènera pas en bateau, Franck, prêt à tout pour celle qu'il aime… "

Bien sûr si la démarche amuse parfois, elle cache une profonde détresse, finalement. La détresse de n'avoir pas pu ou pas su aimer. Les annonces sont parfois très mélancoliques et il est touchant de les lire. Mais il y a un problème. Il y a une chose pire que de vouloir se marier. C'est de ne plus vouloir l'être. Il faut asseoir un mariage sur de bonnes bases pour qu'il tienne.

Voici 10 mauvaises raisons pour chercher un conjoint (9 de ces raisons sont tirées d'un site internet) :

1. Vous pouvez vous marier pour des «raisons de sécurité»… vouloir être aimé et dorloté.
2. Vous pouvez aussi vous marier par pur égoïsme. Vous pouvez vouloir une esclave - une bonne à temps complet -quelqu'un qui entretienne votre maison, qui ramasse vos vêtements, qui cuisine pour vous - ces sortes de choses.... qui répare la voiture, sort les poubelles ...
3. Vous pouvez également vous marier parce que vous voulez une reine de beauté que vous pouvez montrer, emmener partout et étaler, comme vous le feriez pour votre voiture neuve. Cela est une extension de l'amour de soi. Cette reine de beauté est la réflexion d'un homme et de son ego.
4. Ou vous pouvez vous marier par convoitise, pour satisfaire votre appétit sexuel.
5. Vous pouvez même vous marier parce que vous vous sentez coupables et parce que vous avez eu des relations sexuelles pré maritales.... qui se sont peut-çetre mal terminées (se faire piéger !)
6. Vous pouvez vous marier par orgueil. vous pouvez vous marier parce que tous vos copains se marient, et que vous ne voulez pas que l'on pense que vous êtes l'un de ces «drôles de gars».
7. Ou vous pouvez vous marier par vengeance. Vous aviez une petite amie - vous étiez amoureux l'un de l'autre. Elle vous rejette, et vous dites : «Je vais lui montrer». Et vous partez et épousez la première fille qui dit oui. Cela prouve à votre ancienne amie que personne ne vous rejette.
8. Vous pouvez vous marier par crainte. Vous pouvez craindre d'être seul ou craindre la critique ou le ridicule, craindre de ne pas être aimé ou craindre ce que pensent les gens. Vous pouvez même avoir peur de vos propres sentiments.
9. Ou vous pouvez vous marier par apitoiement sur vous-même. " Pauvre de moi, personne ne se soucie de moi, alors je vais simplement me marier ". Vous avez vraiment des problèmes !
10. Par pitié pour une personne, que l'on souhaite aider, et l'on est certain qu'en se mariant, on l'aidera à aller mieux.


Comment trouver le bon conjoint ?

Nous retrouvons un texte hyper connu — c'est la 3e fois qu'on aborde ce passage ! Savez-vous pourquoi ? Parce qu'il est fondamental aux relations de couple. Le verset 24 est le verset le plus cité par le Nouveau Testament.
Lecture : Gen 2.18-25
" 18 L'Éternel Dieu dit : Il n'est pas bon que l'homme soit seul ; je lui ferai une aide qui sera son vis-à-vis.
19 L'Éternel Dieu forma du sol tous les animaux des champs et tous les oiseaux du ciel. Il les fit venir vers l'homme pour voir comment il les appellerait, afin que tout être vivant porte le nom que l'homme lui aurait donné.
20 L'homme donna des noms à tout le bétail, aux oiseaux du ciel et à tous les animaux des champs ; mais, pour l'homme, il ne trouva pas d'aide qui fût son vis-à-vis.
21 Alors l'Éternel Dieu fit tomber un profond sommeil sur l'homme qui s'endormit; il prit une de ses côtes et referma la chair à sa place.
22 L'Éternel Dieu forma une femme de la côte qu'il avait prise à l'homme et il l'amena vers l'homme.
23 Et l'homme dit : Cette fois c'est l'os de mes os, La chair de ma chair. C'est elle qu'on appellera femme, Car elle a été prise de l'homme.
24 C'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère et s'attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair.
25 L'homme et sa femme étaient tous les deux nus et n'en avaient pas honte. "
La règle de la volonté de Dieu (Gen. 2.18a)
" 18 L'Éternel Dieu dit… "


Veuillez remarquer que c'est Dieu qui dit et dicte. Il est l'auteur, l'inventeur du mariage, et nulle personne voulant jouir de ses bienfaits ne peut ignorer son mode d'emploi. Dieu donne les critères. Ils sont ici limités au contexte du commencement (avec la perfection d'avant la chute), mais nous trouvons dans la suite du récit biblique les données complémentaires.
Dieu dit… L'entendrez-vous ? Dieu dicte… Lui ferez-vous confiance ? Au point de faire la volonté du Père (Matt. 7.21) ?

L'obéissance confiante est la marque de quelqu'un qui aime Dieu. Jean 14.21 : " celui qui garde mes commandements et qui les garde, c'est celui qui m'aime. " Aimer Dieu c'est avoir confiance en Lui, au point d'aligner sa vie avec ce que Dieu veut.

Un commandement est un délimiteur de bien — pas une règle casse-pieds. Prenons l'exemple du dernier des 10 commandements : " tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain, tu ne désireras pas la maison de ton prochain, ni son champ, ni son serviteur, ni sa servante, ni son boeuf, ni son âne, ni rien qui soit à ton prochain " (Deut. 5.21.) D'un côté c'est une protection pour les autres, mais aussi, c'est une garantie de bien-être. Les gens heureux ont cultivé l'art du contentement.

Les commandements de Dieu ressemblent aux balises délimitant une piste de ski. C'est à l'intérieur de cet espace que tout se passe bien. Par contre, hors piste, on a des sensations fortes, mais pas mal de morts et de blessés.

Si vous êtes disciples du Christ, j'espère que vous avez choisi de faire confiance à Dieu. De suivre ses règles et ses principes. Ses voies sont vraiment bonnes ! Les balises sont sûres. Le hors piste extrêmement tentant est extrêmement dangereux. (Cela je vous l'ai toujours dit !)


Alors concernant le choix d'un conjoint, voici ce que dit la Bible, en 5 règles pour garantir que l'on trouve le bon conjoint :

Un homme et une femme
(Gen 1.27 ; Lév. 20.13 ; Rom 1.26-28 ; 1 Cor. 6.9-11 ; 1 Tim. 1.10, etc.)

" 27 Dieu créa l'homme à son image, il le créa à l'image de Dieu, il créa l'homme et la femme. "
Le mariage n'est pas pour deux hommes ou deux femmes !
Cette précision devient nécessaire de nos jours (cf. annonces publicitaires pour homosexuels).
Dieu prévoit qu'un homme et une femme deviennent une seule chair, et non deux hommes ou deux femmes.
Lév. 20.13 " Si un homme couche avec un homme comme on couche avec une femme, ils ont commis tous deux une horreur; ils seront punis de mort: leur sang (retombera) sur eux. "
Rom 1.26-28 " C'est pourquoi Dieu les a livrés à des passions déshonorantes, car leurs femmes ont remplacé les relations naturelles par des actes contre nature ; et de même les hommes, abandonnant les relations naturelles avec la femme, se sont enflammés dans leurs désirs, les uns pour les autres ; ils commettent l'infamie, homme avec homme, et reçoivent en eux-mêmes le salaire que mérite leur égarement. Comme ils n'ont pas jugé bon d'avoir la connaissance de Dieu, Dieu les a livrés à une mentalité réprouvée, pour commettre des choses indignes ; "

Le dernier message traitera, entre autres sujets, de la gestion des pulsions ou désirs homosexuels. Il me suffit de dire ici que l'homosexualité ne fait pas partie du plan de Dieu, et cela devient d'autant plus urgent de le souligner qu'un certain nombre de personnes affirment publiquement que l'homosexualité et la Bible font bon ménage.
Non, la règle de Dieu c'est qu'un homme et une femme s'unissent. Pas deux hommes ni deux femmes



Le 2e critère que nous rencontrons dans l'Ecriture, c'est le mariage entre personnes de même foi. Nous trouvons cette règle autant dans l'Ancien Testament que dans le Nouveau Testament :


Deut. 7.3-4 " Tu ne contracteras pas de mariage avec ces peuples, tu ne donneras pas ta fille à leur fils, et tu ne prendras pas leur fille pour ton fils ; car ils écarteraient de moi tes fils, qui rendraient un culte à d'autres dieux, et la colère de l'Eternel s'enflammerait contre vous : il te détruirait promptement "

C'est précisément ce qui se produisit avec le roi Salomon : " A l'époque de la vieillesse de Salomon, ses femmes détournèrent son cœur vers d'autres dieux; et son cœur ne fut pas tout entier à l'Éternel, son Dieu, comme l'avait été le cœur de son père David " (1 Rois 11:4). Un scandale qui teintera à jamais la réputation de ce grand roi (Néhémie 13:26).

Idem dans le Nouveau Testament : Une veuve peut se remarier " seulement, que ce soit dans le Seigneur " (1 Cor. 7.39). Paul défend son droit au mariage : " N'avons-nous pas le droit d'emmener avec nous une soeur qui soit notre femme, comme font les autres apôtres et les frères du Seigneur, et Céphas " (1 Cor. 9.5).

Pourquoi cela ? Il y a un principe majeur que nous trouvons dans l'Ecriture, et qui nous est donné en 2 Cor. 6.14-16 :
" Ne formez pas avec les incroyants un attelage disparate. Car quelle association y a-t-il entre la justice et l'iniquité ? Ou quelle communion entre la lumière et les ténèbres ? Et quel accord entre Christ et Bélial ? Quelle part le croyant a-t-il avec le non-croyant ? Quel contrat d'alliance entre le temple de Dieu et les idoles ? Car nous sommes le temple du Dieu vivant, comme Dieu l'a dit: J'habiterai et je marcherai au milieu d'eux; Je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple. "
Ce principe ne parle pas uniquement du mariage. Il parle de bien plus que le mariage. Il s'applique donc au moins au mariage.
Il nous dit qu'il y a peu de choses en commun lorsque l'on poursuit différentes idoles ou divinités. Et il 'est difficile de devenir une seule chair lorsqu'on aspire à des objectifs radicalement différents.

C'est là la raison principale de ce commandement : posséder des valeurs communes, dans des domaines aussi différents que l'éducation, l'utilisation de l'argent, les fréquentations, le temps de vacances, la moralité, la place de l'Eglise.

A ceux qui ne sont pas mariés, Dieu dit : ne vous mariez pas avec un non-croyant ou une non-croyante.

Généralement, j'entends trois objections à cela :
" Il se convertira. " C'est arrivé, et c'est très rare. La plupart du temps, le conjoint ne voit en son vis-à-vis aucun principe suffisamment fort pour mériter sa conversion. La foi de l'autre semble un petit plus, mais pas le tout d'une vie. D'autre part, on ne se marie jamais en comptant que l'autre change — c'est l'attitude opposée à l'amour.
" Je serai libre de vivre ma foi. " Cela arrive, et c'est très rare. La plupart du temps il y a des conflits sur l'utilisation des dimanches, et sur quantité de petites choses — les blagues salaces des amis de l'un ne font pas rire l'autre qui se fait traiter de puritaine précieuse… etc.
" Ca change rien, croyant ou pas croyant. " Si vous croyez cela, vous n'avez rien compris au Christianisme. C'est une vie transformée, radicalement consacrée ou la foi n'est rien.

Ne vous donnez même pas de prétexte. Ne "fréquentez" pas une personne qui n'est pas en Christ. Et si une amitié s'ébauche et que vous sentez que cela invite des sentiments, soyez clairs dès le début. Et adressez la personne à un chrétien qui peut lui parler de la foi.


Pureté sexuelle avant le mariage
(1 Cor. 7.2, 9 ; Hébr. 13.4 ; Matt 1.18)

Un autre aspect de ce que " Dieu dit " concerne la pureté sexuelle avant le mariage. C'est une donnée aussi très claire tant de l'Ancien Testament que du Nouveau Testament :
L'exemple de Rébecca (Gen 24.16) ainsi que bien d'autres nous rappelle cette loi.
En fait, l'acte sexuel entre deux personnes consentantes était considéré comme si sérieux qu'Exode 22:16 exige qu'il soit suivi du mariage.

Dans le Cantique des Cantiques, consacré à l'amour de Salomon et son épouse, nous trouvons en plein milieu de l'attente ardente de la promise : " Je vous en conjure, filles de Jérusalem,... N'éveillez pas, ne réveillez pas l'amour, Avant qu'elle le souhaite " (2.7) Une phrase qui rappelle le besoin de protéger l'éveil sexuel au milieu d'une romance.
1 Cor. 7.2 : " toutefois, à cause des occasions d'inconduite, que chacun ait sa femme et que chaque femme ait son mari. " Donc, lorsque deux personnes ont des relations sexuelles sans être mariées, elles commettent un acte d'inconduite.
1 Cor. 7.9 : " mais s'ils manquent de continence, qu'ils se marient car il vaut mieux se marier que de brûler. "
Hébr. 13.4 : " Que le mariage soit honoré de tous, et le lit conjugal exempt de souillure. Car Dieu jugera les débauchés et les adultères. "
Et nous avons pour cela l'exemple de Joseph et Marie, qui ne couchèrent pas ensemble, bien qu'étant fiancés (Matt 1.18)

Cette pureté sexuelle semble complètement extra-terrestre de nos jours. Alors il faut développer cet aspect. La semaine dernière nous avons évoqué les raisons de la pureté sexuelle en tant que célibataire. Certaines s'appliquent aussi pour un couple qui se forme. Je les rappelle brièvement…
Risque de grossesse non désirée.
Engagement précaire.
Difficile confiance.
Le plaisir futur mis en danger.
Le triste souvenir.
Le capital dignité.
La joie de voir Dieu.
En fait, par rapport au conjoint, il existe trois raisons principales aux commandements de la Bible :
Le couple a pour fruit la sexualité, mais pas pour base la sexualité.
Comparons la relation conjugale à un triangle. Homme et femme en sont les deux pointes de la base, l'union sexuelle le sommet. Si la base est bonne, le plaisir sexuel sera précieux.

Si la "base" est le sommet de l'union sexuelle, le couple sera très instable.


Le plaisir sexuel masque certains problèmes. C'est une ‘colle' puissante pour le couple. Vivre ces plaisirs avant, c'est ignorer à coup sûr les problèmes relationnels du couple.
L'acte sexuel en tant que tel n'est pas suffisant pour unir un couple. Il forme un lien, mais ce n'est pas tout que d'être liés. J'ai trop vu de couples qui connaissent une union sexuelle mais qui ne s'engagent pas… Aimer, ce n'est pas se coucher ensemble, c'est se lever ensemble.
Comment attendre ? Parlons d'un couple hypothétique, qu'on appellera Godefroy et Gertrude. Ils ont 25 ans, ils travaillent tous deux, ils sont chrétiens, ils s'aiment et veulent se marier. L'une des questions que Godefroy et Gertrude se poseront immanquablement, c'est jusqu'où ils peuvent aller ?

Peut-on se tenir la main, s'embrasser, se caresser derrière l'oreille ou se tenir dans les bras ?
A la lecture de Cantique des Cantiques (le récit précède le mariage jusqu'à 3.5), je pense qu'une expression contrôlée de tendresse est légitime. Mais pas beaucoup de temps avant le mariage !


Le problème c'est que tous les gestes décrits ici sont des gestes qui allument la sensualité. Voilà comment ça se passe :


Un ‘plus' excitant, devient ensuite trop pâle… un ‘plus' de plus, devient à son tour trop pâle… et l'on se retrouve plus tard dans l'immoralité.
Alors la question : " jusqu'où peut-on aller ? " devient en fait : comment allumer sa chemise sans se brûler… Un peu bête comme question.
Je vous propose une autre question : qu'est-ce qui communiquera le plus de valeur à votre relation ? Le plus de respect ? le plus de plaisir futur ?

Je ne peux pas établir de règles précises. C'est un choix que chaque couple en formation doit faire — mais il convient de changer de question. " Jusqu'où puis-je aller ? " doit devenir : " Comment puis-je communiquer de la valeur et du respect ? "
Qu'est-ce que cela veut dire dans le choix d'un conjoint ?
Attention à celui qui est baisers et avances dès la 1ère rencontre ! Il ou elle ne cherche probablement que le plaisir d'une rencontre.

Ne laissez pas abaisser vos exigences pour des yeux tendres et sensuels. J'ai lu la triste histoire d'un jeune homme arrivé à l'Université avec de fortes valeurs et convictions personnelles. Il avait décidé de rester vierge jusqu'au mariage, et voici qu'il avait découvert la perle rare. Mais celle-ci était plutôt… sensuelle. Elle trouvait qu'il manquait d'amour pour se réserver tant. Ses petits yeux de chien battu eurent vite fait d'avoir raison de sa chasteté — parce qu'en la matière, il faut être deux, c'est clair ! Le problème, c'est que cette jeune fille ne voulait pas dire la même chose que lui quand elle disait " je t'aime. " Elle le plaqua pour une autre... qu'elle aima aussi…
La pureté sexuelle, est le combat de la vie. Messieurs il nous faut développer une culture de la pureté, où les femmes ne sont pas des objets de désir, mais des créatures à l'image de Dieu, que nous devons protéger de notre respect. Et c'est un combat important.

On estime qu'un adolescent de 16 ans a une pensée à caractère sexuel toutes les 20 secondes ! J'ai cité les stat d'ados pour ne pas parler de celles des hommes plus âgés ... Et ces désirs ne sont pas des péchés. Le désir doit simplement être correctement orienté.

Cela a une conséquence directe sur la gent féminine. Vous vous souvenez peut-être qu'une femme selon Dieu campe devant l'homme (voir 2e message de la série). Il y a là la notion de charme, de beauté, d'attraction et de séduction. Cela veut dire que si vous avez de la piété, mettez des vêtements qui ne mettent pas de l'huile sur le feu des hommes.
Un homme est vite éveillé par la beauté, alors qu'une femme sera plutôt éveillée par la gentillesse, et l'attention que lui donne un homme.


Engagement pour la vie
(Rom. 7.2-3, 1 Cor. 7.39)

Dernier point sur la volonté de Dieu, c'est que Dieu veut l'engagement de toute une vie. La Bible ne connaît rien du flirt. L'idée c'est de partager une vie entière :

Rom. 7.2-3 " Ainsi, une femme mariée est liée par la loi à son mari tant qu'il est vivant; mais si le mari meurt, elle est dégagée de la loi qui la liait à son mari. Si donc, du vivant de son mari, elle devient la femme d'un autre homme, elle sera appelée adultère, mais si le mari meurt, elle est libérée de la loi : elle n'est donc pas adultère en devenant la femme d'un autre. "
1 Cor. 7.39 " Une femme est liée aussi longtemps que son mari est vivant; mais si le mari est décédé, elle est libre de se marier à qui elle veut; seulement, que ce soit dans le Seigneur. "

La Bible légitime le divorce dans certains cas bien précis, mais ne l'encourage pas. L'idée de Dieu, c'est un homme, une femme, une vie.
Un magazine ultra féministe constate laconiquement : ‘on sait bien qu'un couple dure en moyenne trois ans, en zone urbaine' Ce n'est pas dans l'idée de la Bible.
Si vous trouvez que toutes choses sont trop dures, mieux vaut ne pas se marier ! (Matt. 19.1-12)


Libre choix !

Revenons à notre question. Qui choisir pour conjoint ? A partir du moment où vous respectez les critères aimants de Dieu, vous choisissez en fonction du bon sens ! Il existe une idée populaire parmi les évangéliques qui dit que ‘Dieu a une personne pour toi…' et ils s'appuient sur l'exemple de Rébecca (Gen 24).

Personnellement, il me semble que c'est tirer de cette histoire un principe qui n'est nulle part soutenu dans l'Ecriture :
Sur bien des mariages, rien n'est dit de la volonté de Dieu.
Ps 32.8 montre le besoin de responsabiliser nos décisions. ( " 8 Je t'instruirai et te montrerai la voie que tu dois suivre; Je te conseillerai, j'aurai le regard sur toi. ")
La volonté de Dieu est surtout morale, moins directive.
Quand on respecte ce que Dieu dit, on fait ce que l'on veut ! Bien sûr en couvrant nos activités de prière, de contentement, de conseils fraternels, etc.



La règle de la complémentarité (Gen. 2.18b-21)

" Il n'est pas bon que l'homme soit seul ; je lui ferai une aide qui sera son vis-à-vis. 19 L'Éternel Dieu forma du sol tous les animaux des champs et tous les oiseaux du ciel. Il les fit venir vers l'homme pour voir comment il les appellerait, afin que tout être vivant porte le nom que l'homme lui aurait donné. 20 L'homme donna des noms à tout le bétail, aux oiseaux du ciel et à tous les animaux des champs ; mais, pour l'homme, il ne trouva pas d'aide qui fût son vis-à-vis. 21 Alors l'Éternel Dieu fit tomber un profond sommeil sur l'homme qui s'endormit; il prit une de ses côtes et referma la chair à sa place. "

Le futur conjoint doit être complémentaire. Qu'est-ce que cela veut dire ?
On ne cherche pas un égal. Deux personnes très identiques formeraient un couple pas toujours amusant.
On ne cherche pas quelqu'un d'identique à un membre de sa famille, ou par réaction, d'opposé à un membre de sa famille.
Un vis-à-vis, c'est l'objectif. Un mot qui évoque l'idée d'un rang égal. Le conjoint doit posséder une personnalité qui est un ajout à l'autre.
Dans quel contexte peut-on remarquer que le conjoint qu'on se propose de prendre n'est pas un cochon, ni une chèvre, ni une limace, ni un lapin… Certainement pas la nuit !

Pour voir si l'on est complémentaire, il faut trois ingrédients :

Le meilleur moyen, c'est d'observer un individu dans un contexte public. Pour voir comment il traite sa famille, ses amis, ceux qui sont meilleurs que lui, ceux qui sont moins forts que lui.
Et il est évident que cela demande du temps. C'est facile d'aimer quand tout est nouveau. C'est comme un séjour à l'étranger. Au début, tout est fascinant. Deux mois plus tard, tout est maussade !
Construire des projets à deux. Cela peut être un ministère dans l'Eglise, l'aide d'une personne en détresse, cela peut être un camp de jeunes. Mais la complémentarité n'est pas statique.
Et cette remarque s'adresse aussi aux couples mariés. Finalement, ce sont nos différences qui irritent le plus, alors qu'elles doivent être considérées comme des enrichissements.


La règle de l'enchantement (Gen. 2.22-23)

" 22 L'Éternel Dieu forma une femme de la côte qu'il avait prise à l'homme et il l'amena vers l'homme. 23 Et l'homme dit : Cette fois c'est l'os de mes os, La chair de ma chair. C'est elle qu'on appellera femme, Car elle a été prise de l'homme. "
L'homme reconnaît en la femme un trésor. Elle est image de lui-même et il est émerveillé. De quoi doit-on être émerveillé ?

D'un homme selon Dieu. C'est-à-dire qui :
gère bien ce que Dieu lui prête (Gen 2.15)
est actif pour défendre le bien (Gen 2.16-17)
est patient pour trouver une femme (Gen 2.18-23)
sait gérer les influences de sa famille (Gen 2.24a)
se consacre à s'unir à sa femme (Gen 2.24b)
est sûr de son identité (Gen. 2.25)

D'une femme selon Dieu. C'est-à-dire qui :
complète l'homme (Gen 2.18a)
campe devant l'homme (Gen 2.18b)
se laisse unir à son homme (Gen 2.24)
est sûre de son identité (2.25)

Et l'émotion amoureuse ? Doit-on éprouver de l'émotion dans l'amour ? Certaines personnes sont très romantiques, et sentimentales, d'autres le sont moins.
Evidemment en partie ! On ne se marie pas froidement ! Il doit y avoir un je-ne-sais-quoi d'enchantement.

Ceci est parfois lié à quelque caractéristique unique : être un as en math ou chanter comme un pinson. Le problème c'est que l'émotion amoureuse ne pourra porter un mariage. C'est cela qui est si difficile à comprendre pour des adolescents persuadés de s'aimer parce que leurs émotions les ont propulsés sur la planète Mars. Ce qu'ils ignorent c'est qu'on ne reste pas sur la planète mars. Et quand on redescend, il faut savoir que c'est autre chose qui portera correctement le couple.

Il était une fois, dans les années 30, la plus mauvaise équipe lycéenne de foot américain. Ils n'avaient jamais battu la moindre équipe. Jamais. Le moral était assez bas. Un richissime homme d'affaire décida de donner une voiture à chaque joueur si l'équipe remportait le match suivant. Toute la semaine, c'était la fête, les cris… une ferveur émotionnelle était palpable dans tout le lycée. Ils se motivaient tous pour la victoire, à coup de cris, d'encouragements. Mais une semaine plus tard, ils perdirent le match. La ferveur émotionnelle n'est pas suffisante pour faire avancer les choses. Y compris un mariage.

Il vaut mieux être de grands amis, avec moins d'émotions, que de grands émotifs sans amitié. Car l'amitié et la complémentarité soutiendront une relation et feront naître, à différentes reprises, de grandes émotions…
Alors que vous songez peut-être au mariage, et que vous voulez vous engager, posez–vous les questions suivantes :

Etes-vous enchanté de présenter cette personne à vos amis ? Ou bien êtes-vous gêné(e) ?
Projetez-vous dans 20 ans, est-ce que vous imaginez être encore enchanté par cette personne ?
Etes-vous enchanté que cette personne soit la mère ou le père de vos enfants ?
Avez-vous identifié des points de difficulté, et en avez-vous parlé pour savoir comment ils seront résolus ?

La règle de l'engagement (Gen. 2.24)

" 24 C'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère et s'attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair. "
Puis vient le moment où il faut prendre une décision. C'est l'une des phases, surtout de nos jours, les plus difficiles. Je dis de nos jours, mais en Mars 2000, on a retrouvé une carte de la Saint Valentin écrite le 14 février 1477 en Angleterre. Elle était écrite par Margerie Brews à son fiancé John Paston. Nous y lisons : " si tu m'aimais vraiment, tu m'épouserais… " Le Dr. Fletcher qui l'a trouvée commentait que de tout temps, les hommes sont réticents à s'engager…

Les valeurs actuelles privilégient l'autonomie, et l'engagement fait particulièrement peur. Mais il y a un moment où il faut partir d'un cocon familial pour en créer un autre.
Pour le message qui nous préoccupe, le mot " quitter " est essentiel :
Quitter la sécurité de ce que l'on connaît
Quitter le confort où l'on a moins de responsabilités
Quitter l'influence, la sphère familiale pour créer une autre sphère familiale.

Je discutais avec le responsable d'un groupe de jeunes adultes aux Etats-unis. Avec sa femme il se lamentait de voir de nombreux jeune gens souffrir de leur solitude de célibataires, mais sans jamais s'engager. Son observation, c'est que les hommes avaient de la peine à s'engager.
Quand est-on prêt à faire ce grand pas ? D'une certaine manière, jamais et n'importe quand ! Il y a une mesure de nouveauté qui fait qu'on n'est jamais totalement préparé à cela.
Mais peut-être y a-t-il quelques pistes qui peuvent être utiles :
Une capacité financière suffisante pour assurer son autonomie
Une approbation éclairée de parents / mentors.
Bien sûr, dans l'Ancien Testament, les parents jouaient un grand rôle dans le développement de cette pensée. Cependant, c'était toujours avec le consentement de l'intéressée, et parfois contre la volonté des parents.

Une bonne compréhension de ce qu'est le mariage. Il me semble qu'avoir pris le temps d'une préparation au mariage est fondamental.

La règle de l'aisance (Gen. 2.25)

" 25 L'homme et sa femme étaient tous les deux nus et n'en avaient pas honte. "
Dernier critère. La règle de l'aisance. C'est-à-dire le fait de pouvoir être ensemble sans avoir à se cacher. Nous avons tous des qualités et des défauts. Si pendant les périodes de fréquentation, nous avons besoin de jouer un rôle pour paraître plus aux yeux de l'autre, alors nous ne sommes pas "vrais" l'un devant l'autre.
Un sentiment de liberté, de confort naturel me semble nécessaire.

Conclusion

Imaginez-vous, le jour de votre mariage... vous avancez sur le devant de la chapelle, et vous vous apprêtez à échanger vos voeux d'engagement…
Vous êtes le marié, et vous prononcez les mots ‘je m'engage à t'aimer…' Soudainement, une femme s'avance et vient se placer à côté de la mariée, et lui prend la main. Puis une autre, puis une autre… Et toutes disent : à moi aussi tu m'as dit cela ! A moi aussi tu as prononcé ces paroles… nous sommes toutes avec toi !
Ou bien c'est vous la mariée. Et c'est à votre tour de vous engager. Vous vous apprêtez à parler, et soudainement, plusieurs hommes bien habillés vont devant, pour écouter vos promesses. Et votre cœur à l'étroit se souvient du passé, et cela gâte la pureté et la solennité de votre engagement.

Je prie que tous ceux qui sont concernés par ce message le prennent sérieusement en considération. C'est trop bête le zèle de la jeunesse, quand il faut toute une vie porter les conséquences d'un mauvais choix.

25 juillet 2006

Un nom pour Dieu ?


Dieu a choisi Abraham pour créer un peuple qui serait à son service et qui serait le dépositaire de sa Parole. Nous devons une grande reconnaissance aux Juifs de nous avoir transmis, intact, l'Ancien Testament (La Torah).



De l'art sacré de la traduction biblique .....

... ces textes en réalité bien vivants ont retrouvé le sel du prophétisme, un sel qui, au-delà de l’esthétique transforme le langage en poème ...






d'après André Chouraki

Kurios theos désigne, en grec, les dieux de l’Olympe. Les empereurs romains se sont ensuite attribués le nom de dominus deus. Theos, deus, Dieu, ne sont donc à l’origine que le Zeus et l’empereur romain qui s’y assimile.
Chez les anglo-saxons et les normands, Gad, Gott, dérivent de Wotan et de Tor, les dieux de la guerre.
Au Japon, depuis Saint François-Xavier, on a cherché un "équivalent". La dernière traduction oecuménique de la Bible en Japonais, propose Kami, qui est le nom général des quelque huit millions de divinités shintoïstes.

N’a-t-on pas fait là des contresens catastrophiques sur la quiddité, sur la nature profonde de la Bible ?

Si vous pensez que les mots n’ont pas de sens, qu’ils n’ont aucun rapport essentiel avec l’être, alors tout se vaut et rien ne vaut la peine de vivre, de parler voire de prier ! Faisons silence…. Mais on ne peut raisonner ainsi.

Le nom général générique de la divinité chez les Hébreux, comme chez tous les autres peuples sémites, est Elohim. Il vient d’un mot qui a rapport au cerf, symbole de la force.
Eloha, c’est la Force qui mène le monde. Elohim, c’est cette même force conçue sous le mode pluriel.

Le peuple hébreu a en effet trop conscience de la vie pour penser que la vie et la divinité ne sont pas plurielles dans leur unité. Prenez le mot "visage", par exemple : en français, on dit "le visage d’un homme", mais c’est inexact. Qu’y a-t-il de commun entre votre visage d’enfant et votre visage d’adulte, entre votre visage en colère, ou pleurant, ou plein de joie, ou désespéré ? Les Hébreux, eux, disent Panim, "les Visages" , ou "les faces. Tout ce qui est vraiment vivant est par essence multiple, et il n ’y a rien de plus vivant que le Vivant par excellence que la Bible nomme Elohim.


Ihvh est l’autre nom qui indique l’intervention du Transcendant dans la Bible.
Il s’agit simplement de la dualité qui existe entre le nom commun et le nom propre : vous êtes un homme, c’est ce qui vous définit de façon générique, mais vous êtes aussi votre nom propre, qui vous désigne vous, personnellement, intimement, dans votre unicité. Le nom propre de l’Elohim de la Bible, le seul nom révélé directement par Lui à l’homme dans la liturgie du Buisson-Ardent, se compose de quatre lettres : Yod-hé-vav-hé, Ihvh.

De même qu’Elohim dérive d’un mot qui signifie la Puissance, de même le "Tétragramme" dérive d’une racine qui a rapport à l’Etre. Lorsque Moïse demande à Elohim : "S’ils (les enfants d’Israël) demandent quel est ton nom, que leur répondrai-je ?", il lui est dit : "éhévé asher éhyév", "je serai qui je serai". On pourrait aussi bien traduire : "je serai : je serai", car la conjonction asher est la plus subtile des conjonctions. Il y a ici la répétition, à la première personne, du verbe être dans sa forme "inaccomplie". En hébreu, n’existe pas succession passé-présent-futur, mais la distinction sur un autre plan, entre l’accompli et l’inaccomplie est donc toujours "Celui qui vient", "l’Etre qui a été, qui est, qui sera" à chaque instant.
En un mot, la Transcendance pure.

On peut dire : "Je ne crois pas en un Dieu" ... Mais comment pourrait-on ne pas croire en Ihvh l’Ineffable, l’Imprononçable, c’est à dire en l’Etre de l’être ? Le mot croire, d’ailleurs, est un piège, car la foi en l’Etre n’est pas une croyance d’ordre mental, mais une adhérence. L’homme de foi adhère à Ihvh comme l’écorce adhère à l’arbre. Cela se passe de mots, cela se passe de noms pour nommer l’Innommable.

Les Hébreux, pour lire le Tétragramme, prononcent Adonaï que l’on a souvent traduit par Seigneur ; mais là encore, à quoi bon employer un mot aux connotations médiévales et féodales ? Il y a tant de mots étrangers déjà intégrés tels quels dans la langue française, pourquoi ne pas conserver ce nom d’Adonaï, qui, en réalité n’est pas étranger au christianisme puisque c’est celui qu’employait Jésus.

Il ne s’agit pas là d’ idolâtrie du Nom.
On peut très bien adorer "Dieu", c’est à dire en fait le nom de Zeus et être un saint. On peut très bien clamer le nom d’Adonaï Elohim et être une fripouille. Le problème n’est pas là, mais se situe précisément dans ceci : il ne viendrait à personne l’idée de remplacer, dans un texte philosophique grec Theos par Adonaï ; or, personne n’est choqué outre mesure par l’inverse, pratiqué couramment. On comprend difficilement que le respect de la différence, de l’étranger, ne peut advenir que si on le fonde sur l’authenticité, sur le respect de la vérité profonde de chacun.

Ce qui est invraisemblable, c’est que les deux mots les plus importants de la Bible, Adonaï et Elohim, soient rayés, effacés des 1900 traductions existantes ! Les premiers qui ont "fait le coup", d’ailleurs, étaient des rabbins d’Alexandrie, qui croyaient sûrement qu’en conservant Adonaï Elohim, ils se seraient faits traiter de barbares.

Mais leur intention apologétique s’est révélée profondément dénaturante. Elle vidait la Bible de son contenu essentiel et irremplaçable, et était toute entachée du plus grand sacrilège. Les traducteurs étaient pourtant avertis par le commandement : "Tu respecteras le nom d’Adonaï Elohim" commandement dont dérivent tous les autres, y compris le : "Tu ne tueras point", puisque ne pas respecter le Nom, c’est en quelque sorte tuer l’Etre de l’être.




Une seule traduction a adopté cette clé, pourtant lumineusement évidente.
On a l’impression d’y découvrir les racines de notre inconscient spirituel collectif. Heureux, celui qui sait percevoir sa vérité profonde, l’Etre de son être à travers ce code génétique irremplaçable qu’est la Bible, écrite par un Hébreux.

La Réalité la plus universelle (la plus "catholïque", si ce mot avait encore un sens), c’est l’Etre




de DANIAL-ROPS Jésus en son temps Foi Vivante :

Quand viendrait cette "rédemption d'Israël" ? .... Mais de plus en plus, ce phénomène transcendant, on l'associait à la venue d'un être prodigiuex, l'oint du Seigneur : en araméen, Meschiah (d'où Messie) ; en grec Christos. De cet Espéré, on ne savait pas grand chose. Le terme était vague et permettait d'incarner des espérances contradictoires ! Dans tout l'Ancien Testament où il est utilisé 30 fois, il s'applique tantôt à un roi, tantôt à un prêtre, à un patriarche, voire à Cyrus le Grand. Dans le sens que nous lui donnons aujourd'hui, on ne trouve qu'une seule fois, en un passage de Daniel (9 25).

20 juillet 2006

La maladie d’amour



On peut être malade du fait de la perte d'un être cher. Malade même à en mourir. Une telle douleur se comprend, quand on aperçoit que la rupture d'un lien affectif touche au fondamental.

Toute relation humaine se construit par le détachement. C'est lui qui évite que l'on dévore l'autre ou que l'on soit dévoré par lui. Lui, donc, qui, préservant de la mort, conserve la vie, en favorisant liberté, accès à la conscience de soi, accomplissement de sa vocation d'homme.

La vie ne cesse de nous poser la question du détachement, qui n'est autre que celle de la vie. Constamment, nous sommes mis en demeure de choisir entre aller de l'avant ou stagner. Fréquemment, nous ajournons ce choix. Nous remettons à plus tard toute décision, en préférant l'homme faible du plaisir immédiat à l'homme fort de la liberté et du devenir.

Quand une rupture affective ou un deuil surviennent, nous ne pouvons plus reculer.
Nous sommes mis en demeure de devoir nous détacher, si nous ne voulons pas mourir de tristesse. Quand on n’a jamais pris l’habitude de le faire, cet instant crucial se transforme en crise aiguë.

Nous nous révélons tel que nous sommes. Trop prisonnier de nous-mêmes, incapables de liberté, nous sombrons dans la maladie. Le fait même de vivre devient une maladie.

La maladie exprime notre liberté perdue, en vivant la maladie en faisant donc de celle-ci une oeuvre on retrouvera sa liberté. Mieux on naît à la vie en comprenant le drame qui se noue en celle-ci.

Bertrand Vergely, Petite philosophie pour jours tristes

19 juillet 2006

Elle n'aura plus jamais soif .......

Quand la grâce est avec soi, on ne voit pas les défauts des autres ; on ne voit que les souffrances et l'amour de ses frères.
Aussitôt après avoir chassé les vendeurs du Temple, Il revient vers Capharnaüm, passe par Samarie et rencontre la Samaritaine qui avait sombré en son coeur de femme dans le désespoir. Elle avait essayé un mari, puis un deuxième, un troisième, un quatrième, un cinquième, enfin sa vie affective était un échec, elle était détruite....

Ce qui manque à la Samaritaine, c'est l'intégration de l'âme. Etre intégré c'est le contraire d'être divisé, déchiré, partagé, fragmentaire et divergent du centre. Il faut choisir entre l'un et le multiple. S'abandonner au multiple, c'est aller vers la dissolution, vers la désintégration totale ; c'est aller vers la mort.

C'est bien de nous qu'il s'agit, homme ou femme qui avons épousé tour à tour tant de passions, tant d'idées. Peut-être, maintenant encore, étreignons-nous un être vivant, un objet qui ne nous apportera ni la paix, ni la joie....

Et pourtant, nous devons d'abord sérieusement considérer où nous en sommes par rapport aux autres et spécialement par rapport aux sentiments, aux émotions intimes qui peuvent exister entre l'homme et la femme.

Et la Samaritaine d'essayer de changer de sujet : "Nos pères se prosternaient sur cette montagne ; mais, vous, vous dites : le lieu où il faut se prosterner c'est Ieroushalaîm !".

Nous aussi, nous craignons les questions personnelles. Nous préférons parfois entrer dans des questions générales et s'interroger sur des problèmes théologiques. La théologie est un alibi si confortable ! Nous ne voulons pas toujours que sa main aille tout droit découvrir nos blessures secrètes....

Et Jésus, suprême manifestation de l'Un, dilate son coeur à la mesure de ce coeur qui est le centre de tous les coeurs, pour l'unifier, la rectifier, pour lui apprendre l'adoration en esprit et en vérité, pour la ramener à l'unité fondamentale.

Et elle devient unie à la totalité du dessein divin sur elle-même et sur le monde, elle se sent libre..... dans la grande paix du septième jour.

Il lui donne les eaux profondes de la grâce où elle n'aura plus jamais soif .......

Icône de Maria Lavie

La conscience de la vie intérieure



"... je remarquai que les effets de la prière du coeur apparaissent sous trois formes : dans l'esprit, dans les sens, dans l'intelligence ;

dans l'esprit par exemple, la douceur de l'amour de Dieu, le calme intérieur, le ravissement de l'esprit, la pureté des pensées, la splendeur de l'idée de Dieu ;

dans les sens, l'agréable chaleur du coeur, la légèreté, la vigueur de la vie, l'insensibilité aux maladies et aux peines ;

dans l'intelligence, l'illumination de la raison, la compréhension de l'Ecriture sainte, la connaissance du langage de la création, le détachement des vains soucis, la conscience de la vie intérieure, la certitude de la proximité de Dieu et de son amour pour nous."


Récits d'un pélerin Russe

17 juillet 2006

J'ai quitté le monde et son bruit


Murmure d'Amour

Mon cœur qui bat est ton abri,
au plus profond de moi ta demeure est cachée.
J'ai quitté le monde et son bruit,
pour vivre près de toi je me suis exilé.
Je n'ai plus ni rêves, ni pensées,
mon seul désir est de te suivre.
De notre père Jacob, j'ai compris le secret :
son combat contre toi et sa raison de vivre.
Toi qui dans mon cœur as ta place,
Tu es le Très-Haut, le Puissant, le Redoutable ;
toi qui tiens d'une main la Justice implacable,
ton amour débordant ruisselle sur ta face.
Beauté que l'Univers n'a pas pu enfermer,
comment résides-tu dans mon cœur tout entier?
Pour toi j'ai tout quitté, Seigneur,
je marche seul et par toi seul accompagné.
A mes pensées, j'ai dit : "allez,
demeurez dans le lieu où se tient mon Seigneur".
J'ai oublié amis, parents, dans ton amour j'ai tout laissé,
et mon âme elle-même en toi s'est oubliée.
Mais toi, Joie de mon cœur, n'oublie pas ton enfant!
Non, tu n'es pas loin de mon âme,
au secret du silence elle perçoit ton appel.
Si au plus haut des cieux une foule t'acclame,
le moindre instant d'amour en toi est éternel.
Car ton trône précieux, c'est un cœur libéré
de tout autre désir, où toi seul peux régner.
Voici mes yeux, que j'ai fermés
pour ne plus contempler d’autres trésors que toi.
Et voici mes oreilles, je leur ai interdit
la rumeur des hommes, pour qu'elles t'écoutent, toi.
Mon cœur qui bat est ton abri
au plus profond de moi ton refuge est caché.


Shénouda III, Pape d'Alexandrie
et Patriarche de la Prédication de Saint-Marc
http://www.lemondecopte.com/



Ce jour-là, il y aura un autel dédié à l'Éternel au milieu du pays d'Égypte, et près de la frontière une stèle dédiée à l'Éternel. Ce sera un signe et un témoin de l'Éternel des armées au pays d'Égypte... Et l'Éternel se fera connaître des Égyptiens, et les Égyptiens connaîtront l'Eternel, en ce jour-là. Ils offriront sacrifices et oblations... (Isaïe 19 :19-21)

Le mystère de la Colombe



Jean voit l’Esprit descendre du ciel comme une Colombe et s’arrêter sur Jésus.

Oui, l’Esprit est Roi, Roi du ciel, Paraklitos - celui qui est appelé auprès - mais sa royauté consiste à incliner ses sujets vers l’Agneau.

L’Esprit est LE don, LE don que le Père fait à son Fils.
Le Père pense. Sa Pensée est le Verbe, le Logos, la Parole, la clarté suprême, la lumière du monde. Cette parole est portée par la Voix, qui est l’Esprit, la combustion, la chaleur, ce qui rend apparent la Lumière, la Parole….
L’action de l’Esprit, son règne invisible sur les âmes, crée et manifeste la Royauté du verbe fait chair. Celui que l’Esprit révèle, c’est Jésus. Le message de l’agneau nous est transmis par la voix de la Colombe, la Colombe montre l’Agneau.

Mais l’Esprit « vient en aide à notre faiblesse » (Rm 8,26). Lui-même substitue à nos balbutiements ses propres soupirs, ses « gémissements inénarrables » (Rm 8,26).

Il est un élan vers le Fils. Paul le déclare : « aucun homme ne peut dire que Jésus est le Seigneur, si ce n’est par le Saint-Esprit » (I Cor 12,3).
Dans tout mouvement de l’âme vers Jésus, là est l’Esprit. Il est la source et la force de toutes nos aspirations vers Jésus. Il est ce qui est entre nous-mêmes et le terme de notre prière. Il nous meut : c’est lui qui nous fait dire « je », lorsque nous nous adressons à Jésus comme à un « Toi ».

Par l’Esprit, nous sommes dans le Christ.

Sous la guide de l’Esprit




L’homme livré à l’Esprit devient semblable à la feuille que le vent emporte.
Il acquiert le langage du cœur à cœur pour parler à la diversité des cœurs.
Il devient prophète, capable de recevoir et transmettre ce qui lui est communiqué du Verbe de Dieu.
Il est animé par l’émotion et de vives ardeurs appelées amour, dilection, charité.
Il est purifié car tout ce qui n’est pas de Dieu en lui est brûlé et consumé.
Il devient capable de faire des choses ordinaires d’une manière extraordinaire, avec une intention nouvelle, transfigurée.
Il est consolé dans ses tristesses quotidiennes et de la grande tristesse de ne pas voir le Sauveur.

04 juillet 2006

L’éros et la vieillesse


Tahar DJEDID est un maître dans la technique dite de "sablage".


Entretien avec Christiane Singer
Propos recueillis par Patrice van Eersel

C. S. : Je crois que le vrai eros est une grande aventure de la maturité. Ce n’est pas une affaire de jeunesse. Je parle de l’eros divin, qui n’objective pas l’autre... Comme je le dis dans Une passion, c’est aussi l’expérience de votre anéantissement. Mais qui vous livre à votre vraie nature. C’est le paradoxe absolu : dans une perte totale, tu touches ce qu’est ton être véritable ! Je vois ainsi trois moments décisifs dans l’évolution spirituelle d’un être : l’enfantement, l’eros... et la vieillesse.

N. C. : Qui nous éclaire, elle aussi, sur notre vraie nature ?
C. S. : C’est extraordinaire ! Le vieillissement est de la pure spiritualité. On entre dans une transparence grandissante.

N. C. : Combien y accèdent ? Une poignée ?
C. S. : Mais parce que l’échafaudage de nos représentations n’est pas planté dans le réel. Sinon, c’est d’une logique parfaite - et je l’ai toujours pressenti, parce que j’ai connu de grands vieillards sublimes. Mes grands-mères... L’une d’elles me donnait l’impression qu’il n’y avait plus personne, hormis un sourire, comme avec le chat de Lewis Caroll : une fois toute la souffrance et l’horreur traversées, il ne restait plus que l’amour.

N. C. : On y pense en approchant certaines personnes très âgées, qui visiblement économisent jusqu’à leur toute dernière goutte d’énergie pour communiquer et vous transmettre ce qu’ils connaissent de plus beau. Je songe à Ilya Prigogine à la fin, ou à Henry Bauchau, qui continue à écrire à 92 ans...
C. S. : Je sens cela, dans le processus de vieillissement où je me trouve à présent emportée. C’est un incroyable affinement de la peau, un anoblissement progressif de l’être.

N. C. : Mais avant d’en venir à ce que vous appelez « la porosité » dans Souviens-toi des chevaux écumants du passé, finissons-en avec la sévérité. Les sages peuvent être impitoyables...
C. S. : Je viens de lire un passage de Confucius, politiquement très incorrect, où il explique qu’il existe deux types d’humains : les êtres de bien et les êtres de peu. À quoi se reconnaissent-ils ? Les êtres de peu sont occupés de leurs propres affaires, les êtres de bien sont occupés de l’intérêt du monde. Nous sommes évidemment les deux à la fois, mais il faut avouer que notre société forme surtout des gens obnubilés par leur propre intérêt.





N. C. : Qu’attendre alors, quand on se sent « homme de peu » ? La pitié ? La compassion ?
C. S. : C’est une chose qui m’a été beaucoup révélée, ces dernières années, notamment dans le travail de systémique familiale (cet outil prodigieux) : la nécessité de rendre hommage à ce qui a été, sans jugement de valeur, quel qu’ait été ce passé. Tout ce qui n’a pas été vu, reconnu, honoré pourrit. Et empoisonne le corps collectif. C’est fascinant. J’ai vu des entreprises détruites de ne l’avoir pas su : au lieu de remercier l’équipe précédente, on la vilipende et on change tout pour recommencer à zéro. Et très vite, on sent le fil d’une malédiction fissurer l’édifice. L’évolution ne peut aller de l’avant sans reconnaître et rendre hommage ce qui est venu avant. C’est quelque chose que je sens intimément, quand quelqu’un veut faire table rase, par exemple en s’installant dans une maison sans honorer les habitants qui l’ont précédé - un simple mot pourrait suffire. Un instant de reconnaissance sincère pour l’ancien qui prend sa retraite : merci, nous honorons le travail que vous avez accompli ; nous allons opérer des changements, en respectant ce que vous avez fait avant nous. Cet esprit s’est souvent évanoui et une malédiction s’installe. Dans le travail familial, cette nécessité de rendre hommage et d’honorer nos ancêtres, quel qu’ait été leur destin, s’impose de façon stupéfiante. Si l’âme médiocre de Peer Gynt est menacée d’être fondue dans la marmite du diable, c’est parce que personne ne l’a reconnue. Telle est notre immense responsabilité. Nous pouvons tous sauver quelqu’un, en le regardant comme Solveig avec les yeux de l’amour. Et si un autre se trouve « fondu », j’en suis responsable aussi. C’est la vertigineuse question de Dostoïevski dans Les frères Karamazov : « Quand tu vois le crime qu’a commis ton frère, la première question doit être : “Qu’ai-je fait de travers, pour qu’il en arrive là ?” ... ou que n’ai-je pas fait ? »


N. C. : Sans la soigner on ne peut sans doute pas évoluer vers la vieillesse lumineuse et la « porosité » dont vous parliez ?
C. S. : En fait, cette qualité de transparence nous vient peu à peu, au fil de nos découvertes de l’autre, grâce à l’enfantement, à l’éros et au vieillissement. Ce que je prends pour moi-même se trouve alors catapulté, dans les deux premières situations, et abrasé jusqu’à la trame, dans la troisième - quand la vie en finit de nous user comme le sable use la nacre, la rendant finalement transparente. Bien sûr, il y a un quatrième cas, plus exceptionnel, qui est l’expérience pure de l’éveil. Mais à l’inverse, cette usure positive, qui nous rend « poreux » au monde et aux autres, nous vient tout au long de la vie. Finalement, vous pouvez vous asseoir et simplement contempler, écouter, sans plus faire aucunement obstacle à la parole de l’autre, ou à sa musique, à sa lumière, tellement dans son écoute que vous vous oubliez. Et cette sensation est étonnante car, en même temps, vous n’êtes jamais autant vous-même, vous ne touchez jamais autant votre nature véritable. Un vieil ami musicien me disait que deux fois dans sa vie, la musique l’a traversé. Deux fois, il n’y a plus eu d’archer, ni de violon, ni de musicien, ni de partition, ni rien... Il n’y avait plus que le grand souffle.
Avec la vieillesse, cette porosité devient quotidienne. Je ne suis plus que réceptacle. Mais je ne retiens rien. Et j’honore, j’honore, j’honore. Et lentement (à voix très basse) on a accès au réel. Jusque-là, nous vivons dans l’hypnose socialement programmée. Elle se rompt parfois légèrement. On a un petit accès à l’être. Et voilà que cela devient lentement plus facile. À la fin, on verra le paysage à travers nous !

N. C. : Atteindre cet état devrait être le projet majeur de toute vie !
C. S. : Il y a ces vers extraordinaires de Michaux :
Et délivré de l’abcès d’être quelqu’un,
je boirai à nouveau l’espace nourricier.
On le sent : il y aura un moment où cette illusion d’avoir été s’effacera. Et en même temps, c’est alors que nous « serons » le plus. C’est le paradoxe des vrais maîtres : ils n’ont plus d’ego et pourtant, ce sont eux qui ont le plus de personnalité ! On dit que quand entend une telle personne rire, on ne l’oublie plus jamais. C’est qu’elle rit en roue libre ! D’un rire cosmique, qui me fait penser à un autre poème, de Marguerite Yourcenar, celui-là :
Plaise à Celui qui est peut-être
De dilater mon être
jusqu’aux confins de l’univers
C’est ça, la porosité !

N. C. : Qui procure aussi une joie grandissante de voir les autres s’aimer ?
C. S. : Je suis entouré de jeunes, mes enfants, leurs amis, et je me dis que jamais je n’ai autant goûté la jeunesse qu’en les contemplant. Quand nous sommes jeunes nous-mêmes, nous ne le vivons jamais en pleine conscience. Mais quand je les vois maintenant, quand je regarde la merveille qu’ils incarnent, cette grâce renouvelée et aussi cette quête éperdue d’eux-mêmes... je suis aux confins de l’univers ! Certains sont nostalgiques et aimeraient qu’on leur redonne la jeunesse. Mais alors, j’en serai de nouveau inconsciente, aux prises avec cette si difficile aventure ! Non, la vieillesse me va. Elle s’accompagne d’une grandissante bienveillance, cette notion étrangère au champ politique et qui est pourtant si nourrissante. Quant à tout ce que nous n’avons pas pu accomplir, d’autres l’ont fait ! J’en viens à remercier mes amis pour avoir exaucé, pour eux, certains de mes rêves. L’un d’eux revient du Bouthan, un pays où je n’irai sans doute finalement jamais, et son récit m’a rempli de bonheur. Je n’ai plus besoin d’y aller, il l’a fait à ma place.

N. C. : Vous vous libérez de l’abcès d’être quelqu’un ?
C. S. : Oh, mais avec des rechutes spectaculaires ! Il ne faut pas se faire d’illusion. Mais je sais où je vais. Même si je n’y suis évidemment pas encore. Tout en y étant déjà. C’est important de le savoir. Cela permet d’accéder à cette grande patience qui, sinon, nous paraîtrait impossible. Il ne s’agit pas de procéder à un déménagement massif de quelque chose qui serait absent. Tout est là. Il faut juste essuyer la buée sur la vitre pour pouvoir contempler le réel au travers. Retirer une pellicule plus mince qu’une pelure d’oignon...

N. C. : Il s’agit alors juste de trouver un coin de la pelure et de le saisir.
C. S. : Tirez dessus et tout vient avec !


À lire aussi de Christiane Singer :
Parmi de nombreux livres, nous conseillons particulièrement Les âges de la vie ; Une passion ; Où cours-tu, ne vois-tu pas que le monde est en toi ? tous chez Albin Michel.