26 juillet 2006

Le sens de la souffrance

Retrouver le noyau vital, ce qui fait vivre.
Découvrir donc la force qui porte.
La supporter et, de ce fait, ne plus subir.
Se sentir libre.
Entreprendre de le rester....





Souffrir veut dire subir le mal. Dans son corps. Dans son âme. Dans sa vie.

Qui ne supporte rien est dans un état de douleur continuelle. Esclave de ses plaisirs du fait de la douleur du manque, il devient tyran des autres et du monde afin de combler ses manques.

On se voit souffrir. Cela augmente la douleur. « Qui accroît sa conscience accroît sa douleur », est-il dit dans la Bible. L’expérience le vérifie.

La douleur intéresse la science. Elle lui fournit des renseignements précieux.
Elle intéresse aussi l’artiste, qu’elle fascine par son esthétique.
On l’utilise constamment. En pédagogie. En morale. Dans la justice. Pour marquer les esprits, les faire plier ou les faire avancer.

Enfin, la souffrance intéresse la religion. Celui qui souffre comme le héros a un coté exemplaire, donc fondateur. Il fait avancer l’humanité dans le domaine des dieux et pas simplement dans celui des hommes.

On prétend que la souffrance grandit l’homme. Elle le brise le plus souvent, tant on apprend mal dans la douleur.
Cela vaut pour la religion. Dieu qui a créé la vie ne veut pas la destruction de celle-ci. La religion, qui prône la douleur pour payer ses fautes ou pour progresser, l’oublie. Elle transforme le Dieu de la vie en un Dieu de la mort, ivre de sang et de vengeance.

On imagine le bonheur comme étant l’absence de souffrance.
C’est l’inverse qui est vrai. Il n’y a pas de plus grand bonheur que de pouvoir souffrir au sens de supporter. C’est ainsi que l’on éprouve toutes les forces que l’on a en soi. …son sens ne réside pas dans le fait de justifier le mal que l’on subit, comme cela a tant été fait, mais dans celui de libérer les forces qui aident à ne plus subir.

Quand tel est le cas, une mutation s’opère. Le « pourquoi moi ? » que crie celui qui se sent injustement frappé par la vie se transforme en un «pourquoi pas moi ? ».

Bertrand Vergely