25 juillet 2006

Un nom pour Dieu ?


Dieu a choisi Abraham pour créer un peuple qui serait à son service et qui serait le dépositaire de sa Parole. Nous devons une grande reconnaissance aux Juifs de nous avoir transmis, intact, l'Ancien Testament (La Torah).



De l'art sacré de la traduction biblique .....

... ces textes en réalité bien vivants ont retrouvé le sel du prophétisme, un sel qui, au-delà de l’esthétique transforme le langage en poème ...






d'après André Chouraki

Kurios theos désigne, en grec, les dieux de l’Olympe. Les empereurs romains se sont ensuite attribués le nom de dominus deus. Theos, deus, Dieu, ne sont donc à l’origine que le Zeus et l’empereur romain qui s’y assimile.
Chez les anglo-saxons et les normands, Gad, Gott, dérivent de Wotan et de Tor, les dieux de la guerre.
Au Japon, depuis Saint François-Xavier, on a cherché un "équivalent". La dernière traduction oecuménique de la Bible en Japonais, propose Kami, qui est le nom général des quelque huit millions de divinités shintoïstes.

N’a-t-on pas fait là des contresens catastrophiques sur la quiddité, sur la nature profonde de la Bible ?

Si vous pensez que les mots n’ont pas de sens, qu’ils n’ont aucun rapport essentiel avec l’être, alors tout se vaut et rien ne vaut la peine de vivre, de parler voire de prier ! Faisons silence…. Mais on ne peut raisonner ainsi.

Le nom général générique de la divinité chez les Hébreux, comme chez tous les autres peuples sémites, est Elohim. Il vient d’un mot qui a rapport au cerf, symbole de la force.
Eloha, c’est la Force qui mène le monde. Elohim, c’est cette même force conçue sous le mode pluriel.

Le peuple hébreu a en effet trop conscience de la vie pour penser que la vie et la divinité ne sont pas plurielles dans leur unité. Prenez le mot "visage", par exemple : en français, on dit "le visage d’un homme", mais c’est inexact. Qu’y a-t-il de commun entre votre visage d’enfant et votre visage d’adulte, entre votre visage en colère, ou pleurant, ou plein de joie, ou désespéré ? Les Hébreux, eux, disent Panim, "les Visages" , ou "les faces. Tout ce qui est vraiment vivant est par essence multiple, et il n ’y a rien de plus vivant que le Vivant par excellence que la Bible nomme Elohim.


Ihvh est l’autre nom qui indique l’intervention du Transcendant dans la Bible.
Il s’agit simplement de la dualité qui existe entre le nom commun et le nom propre : vous êtes un homme, c’est ce qui vous définit de façon générique, mais vous êtes aussi votre nom propre, qui vous désigne vous, personnellement, intimement, dans votre unicité. Le nom propre de l’Elohim de la Bible, le seul nom révélé directement par Lui à l’homme dans la liturgie du Buisson-Ardent, se compose de quatre lettres : Yod-hé-vav-hé, Ihvh.

De même qu’Elohim dérive d’un mot qui signifie la Puissance, de même le "Tétragramme" dérive d’une racine qui a rapport à l’Etre. Lorsque Moïse demande à Elohim : "S’ils (les enfants d’Israël) demandent quel est ton nom, que leur répondrai-je ?", il lui est dit : "éhévé asher éhyév", "je serai qui je serai". On pourrait aussi bien traduire : "je serai : je serai", car la conjonction asher est la plus subtile des conjonctions. Il y a ici la répétition, à la première personne, du verbe être dans sa forme "inaccomplie". En hébreu, n’existe pas succession passé-présent-futur, mais la distinction sur un autre plan, entre l’accompli et l’inaccomplie est donc toujours "Celui qui vient", "l’Etre qui a été, qui est, qui sera" à chaque instant.
En un mot, la Transcendance pure.

On peut dire : "Je ne crois pas en un Dieu" ... Mais comment pourrait-on ne pas croire en Ihvh l’Ineffable, l’Imprononçable, c’est à dire en l’Etre de l’être ? Le mot croire, d’ailleurs, est un piège, car la foi en l’Etre n’est pas une croyance d’ordre mental, mais une adhérence. L’homme de foi adhère à Ihvh comme l’écorce adhère à l’arbre. Cela se passe de mots, cela se passe de noms pour nommer l’Innommable.

Les Hébreux, pour lire le Tétragramme, prononcent Adonaï que l’on a souvent traduit par Seigneur ; mais là encore, à quoi bon employer un mot aux connotations médiévales et féodales ? Il y a tant de mots étrangers déjà intégrés tels quels dans la langue française, pourquoi ne pas conserver ce nom d’Adonaï, qui, en réalité n’est pas étranger au christianisme puisque c’est celui qu’employait Jésus.

Il ne s’agit pas là d’ idolâtrie du Nom.
On peut très bien adorer "Dieu", c’est à dire en fait le nom de Zeus et être un saint. On peut très bien clamer le nom d’Adonaï Elohim et être une fripouille. Le problème n’est pas là, mais se situe précisément dans ceci : il ne viendrait à personne l’idée de remplacer, dans un texte philosophique grec Theos par Adonaï ; or, personne n’est choqué outre mesure par l’inverse, pratiqué couramment. On comprend difficilement que le respect de la différence, de l’étranger, ne peut advenir que si on le fonde sur l’authenticité, sur le respect de la vérité profonde de chacun.

Ce qui est invraisemblable, c’est que les deux mots les plus importants de la Bible, Adonaï et Elohim, soient rayés, effacés des 1900 traductions existantes ! Les premiers qui ont "fait le coup", d’ailleurs, étaient des rabbins d’Alexandrie, qui croyaient sûrement qu’en conservant Adonaï Elohim, ils se seraient faits traiter de barbares.

Mais leur intention apologétique s’est révélée profondément dénaturante. Elle vidait la Bible de son contenu essentiel et irremplaçable, et était toute entachée du plus grand sacrilège. Les traducteurs étaient pourtant avertis par le commandement : "Tu respecteras le nom d’Adonaï Elohim" commandement dont dérivent tous les autres, y compris le : "Tu ne tueras point", puisque ne pas respecter le Nom, c’est en quelque sorte tuer l’Etre de l’être.




Une seule traduction a adopté cette clé, pourtant lumineusement évidente.
On a l’impression d’y découvrir les racines de notre inconscient spirituel collectif. Heureux, celui qui sait percevoir sa vérité profonde, l’Etre de son être à travers ce code génétique irremplaçable qu’est la Bible, écrite par un Hébreux.

La Réalité la plus universelle (la plus "catholïque", si ce mot avait encore un sens), c’est l’Etre




de DANIAL-ROPS Jésus en son temps Foi Vivante :

Quand viendrait cette "rédemption d'Israël" ? .... Mais de plus en plus, ce phénomène transcendant, on l'associait à la venue d'un être prodigiuex, l'oint du Seigneur : en araméen, Meschiah (d'où Messie) ; en grec Christos. De cet Espéré, on ne savait pas grand chose. Le terme était vague et permettait d'incarner des espérances contradictoires ! Dans tout l'Ancien Testament où il est utilisé 30 fois, il s'applique tantôt à un roi, tantôt à un prêtre, à un patriarche, voire à Cyrus le Grand. Dans le sens que nous lui donnons aujourd'hui, on ne trouve qu'une seule fois, en un passage de Daniel (9 25).