29 juin 2006

Mariage




Paradoxe de l'état de séparation et de proximité en amour

Vous êtes nés ensemble, et ensemble vous serez à jamais.
Vous serez ensemble quand les ailes blanches de la mort éparpilleront vos jours.
Oui, vous serez ensemble dans la mémoire silencieuse de Dieu.
Mais qu'il y ait des espaces dans votre unité.
Laissez les vents des cieux danser entre vous.
Aimez vous l'un l'autre, mais ne faites pas de l'amour un lien.
Qu'il soit plutôt une mer mouvante entre les rivages de vos âmes.
Emplissez l'un l'autre vos coupes, mais ne buvez pas à une seule coupe.
Donnez à l'autre de votre pain, mais ne vous nourrissez pas de la même miche.
Dansez et chantez ensemble et réjouissez-vous, mais que chacun permette à l'autre d'être seul. Comme les cordes d'un luth sont seules, bien qu'elles frémissent à la même musique.
Donnez votre cœur, mais sans le mettre sous la garde l'un de l'autre.
Car seul l'orchestre de la vie peut contenir vos cœurs.
Et tenez-vous debout ensemble, mais pas trop près ensemble.
Car les piliers des temples sont distants l'un de l'autre.
Et le chêne et le cyprès ne poussent pas dans l'ombre l'un de l'autre."

"Mariage" de Khalil Gibran