21 janvier 2007

A tous les pots félês...

LE POT FÊLÉ


Une vieille dame chinoise possédait deux grands pots, chacun suspendu au bout d'une perche qu'elle transportait, appuyée derrière son cou.

Un des pots était fêlé, alors que l'autre pot était en parfait état et rapportait toujours sa pleine ration d'eau.
À la fin de la longue marche du ruisseau vers la maison, le pot fêlé lui n'était plus qu'à moitié rempli d'eau.


Tout ceci se déroula quotidiennement pendant deux années complètes, alors que la vieille dame ne rapportait chez elle qu'un pot et demi d'eau. Bien sûr, le pot intact était très fier de ses accomplissements.

Mais le pauvre pot fêlé lui avait honte de ses propres imperfections, et se sentait triste, car il ne pouvait faire que la moitié du travail pour lequel il avait été créé.

Après deux années de ce qu'il percevait comme un échec, il s'adressa un jour à la vieille dame, alors qu'ils étaient près du ruisseau. « J'ai honte de moi-même, parce que la fêlure sur mon côté laisse l'eau s'échapper tout le long du chemin lors du retour vers la maison. »

La vieille dame sourit : « As-tu remarqué qu'il y a des fleurs sur ton côté du chemin, et qu'il n'y en a pas de l'autre côté ? J'ai toujours su à propos de ta fêlure, donc j'ai semé des graines de fleurs de ton côté du chemin, et chaque jour, lors du retour à la maison, tu les arrosais.

Pendant deux ans, j'ai pu ainsi cueillir de superbes fleurs pour décorer la table. Sans toi, étant simplement tel que tu es, il n'aurait pu y avoir cette beauté pour agrémenter la nature et la maison. »


07 janvier 2007

La Musique de la Bible


La Bible hébraïque (la Thora) est dans son entier une immense partition chantée ; les signes musicaux sont effec­tivement notés de part et d'autre du texte hébreu, mais ces signes nous
étaient devenus aussi hermétiques que les hiéroglyphes égyptiens avant les travaux de Champollion.

Délaissant les interprétations empiriques qui étaient pratiquées jusqu'à présent (et depuis plusieurs siècles) dans les synagogues, Suzanne Halk Vantoura s'est penchée sur les signes bibliques et sur eux seuls.
A force d'hypothèses, de déductions, d'expérimentations, elle réussit à retrouver la clé de cette notation de tradition antique; elle réussit donc à retrouver la signification musicale de ces signes, et put enfin faire revivre et transcrire en notation moderne la musique qui se dévoilait à elle après le défri­chage méthodique et les vérifications les plus irréfutables, alors que les cantillations dans les synagogues, différant (pour un même texte) d'un pays à l'autre, ne pouvaient se récla­mer d'aucune justification logique.
En plus de la méthode rigoureuse qui devait présider à une telle entreprise, ce décryptage exigeait la sensibilité d'un musicien (S. Haik Vantoura est en effet un compositeur) pour retrouver les normes d'une musique perdue et pour contrôler sans cesse le bien-fondé de l'expression musicale renfermée dans cette antique partition.

Le résultat de ces années de travaux est une somme historique qui a convaincu les musicologues comme les hébraïsants, et la révélation de trésors musicaux qui ont déjà subjugué les plus grands compositeurs. Le fruit des travaux que nous venons de résumer en quelques lignes a fait l'objet d'un livre extrêmement dense où Suzanne Haik Vantoura a veillé à ne laisser aucun point (historique, technique, musical) dans l'ombre.

La musique était-elle étroitement liée à la célébration, à la diffusion du culte israélite ?
Nous devons même répondre qu'elle tenait une place à peine concevable : sous le règne de David (donc avant la construction du Temple), les psaumes étaient chantés par 288 chanteurs (également instrumentistes, jouant des harpes, lyres, cymbales), soutenus dans certains textes par 120 trompettes, tandis que 24 chefs de chant enseignaient sans relâche la musique aux quelque 4000 aspirants-chantres... Malheureusement cette splendeur alla déclinant e~ au début de notre ère, la dispersion acheva de briser un tel édifice musi­cal consacré au service de la religion.

Or, seule la partie chantée nous est donnée dans la Bible ; pourtant nous savons indubi­tablement que les psaumes étaient accompagnés, et par quels instruments ils l'étaient.
Pour pouvoir suggérer au public la complète substance sonore de cette musique, Suzanne Haik Vantoura a réalisé un discret accompagnement, soucieuse de ne jamais empiéter sur la ligne chantée, enregistrée dans sa plus pure authenticité. Mais il fallait absolument évi­ter que le public croit avoir affaire (pour les psaumes) à une musique monodique.

En écoutant cette musique, chacun aura conscience, une fois de plus, que l'histoire du peuple d'Israël est le berceau de notre histoire occidentale... et de son langage musical. Ces musiciens antiques, traversant diverses contrées, s'imprégnèrent des modes de ces pays, mais l'assimilation personnelle qu'ils en retinrent s'éloigne des musiques du Moyen­Orient pour ouvrir singulièrement (nous devons en convenir) sur des éléments constitu­tifs de notre future musique européenne. De ce fait, ces chants issus du fond des âges nous paraissent curieusement actuels et nous parlent beaucoup plus directement que des documents archéologiques. Prodigieusement actuelle, de même, la solution apportée par les musiciens bibliques au problème du lien texte-musique. En effet, on constatera tout d'abord la corrélation expressive entre les textes et leur ligne mélodique, puis l'économie de moyens dans cette expression, économie qui permet tout à coup de souligner une phrase par un intervalle plus poignant, par une ligne merveilleusement souple, etc. Laissons à l'auditeur le soin de découvrir la variété de sentiments obtenus grâce à cette justesse de touche. Alors on comprend vraiment que la musique ait été ressentie comme un moyen de faire pénétrer le message biblique plus avant dans le cœur de chacun.

Cette manière de souligner les intentions du texte confirme encore la filiation jusqu'à la musique européenne, car dans certains chants il nous semble reconnaître les nuances poétiques (les "madrigalismes") des compositeurs du XVI' siècle. Mais des musiciens bibliques aux madrigalistes, il y a de nombreux paliers intermédiaires, notamment le chant grégorien dont on redécouvre actuellement les sources orientales.

Dans cette somme de richesses nouvellement découvertes, il fallut choisir quelques chants pour constituer ce disque; il fut donc décidé d'enregistrer des textes bibliques de caractère particulièrement diversifié, et concernant chacun de nous au plus profond de notre être par les exhortations, les prières, l'évocation des sentiments éternels qu'ils contiennent.

SYLVIANE FALCINELLI

Célibat



Père et Mère du Monastère de St Silouane







" Il m'arrive de dire en plaisantant que le choix du célibat pour le Royaume et le choix du mariage chrétien sont en fin de compte très proches, car si le célibataire choisit de renoncer à toutes les femmes, celui qui se marie renonce à toutes les femmes moins une ; ce qui, vu le nombre, ne fait pas une différence énorme !"

Jacques Philippe de la communauté des Béatitudes