18 juin 2006

À l’époque où mon âme se cherchait ....


LE CHANT BYZANTIN


Entretien avec Divna Ljubojevic

Qu’est-ce qui peut décider un jeune à se tourner vers le chant sacré ?

L’état de l’âme ! C’est toujours l’état de l’âme qui détermine toute chose. L’âme est en nous ce qui cherche, demande et finalement choisit. Plus couramment, on appele cela « affinité ». En ce qui concerne le chant sacré, cette décision ne peut se prendre qu’à un moment où l’être est encore réceptif, innocent, non pratique, non sali. Et c’est en gardant toute sa vie de telles dispositions que l’on peut continuer à chanter ce répertoire, jusqu’à la fin.


Dans votre cas, comment cela s’est-il produit ?

Exactement comme ce que je viens d’expliquer. À l’époque où mon âme se cherchait, je suis arrivée au monastère de la Présentation, j’ai entendu Mère Agniya et les sœurs ; elles chantaient divinement, et…voilà.


Quel rapport entre la mélodie, la part de Divin dans l’art et son propre talent ?

Tout s’entrecroise. La mélodie peut être l’intermédiaire entre l’humain et le Divin, voire le rapport même avec le Divin. Quant au talent, quel artiste a le temps de penser à son propre talent avant des années et des années de maturité ? Le talent est un regard de Dieu sur l’être, et donc une circonstance heureuse pour le bénéficiaire puisqu’elle lui permet un rapport digne avec Dieu.


Comment se consacrer à quelque chose de si sublime et solennel dans un temps de chaos et de vitesse ?

Chaque temps a son chaos ! Le rapport entre le Chaos et le Temps peut se comparer au rapport entre l’enfant dans la puberté (l’homme) et un Père (Dieu). Le Chaos d’aujourd’hui est justement cette « vitesse immodérée » par laquelle on n’arrive nulle part, car elle est apparente et n’existe pas dans le temps. Elle est l’aveuglement massif, causé, je suppose, par cette poussière que lève la grande vitesse. Et comme il faut justifier cette course absurde, on a inventé de nouvelles valeurs, comme on met des fleurs dans un vase, des fleurs sans racines.Tout cela est vain dans la mesure où, bien avant ces fausses valeurs, existe la Vérité de Dieu sur l’homme. C’est depuis cette Vérité que pousse « la branche » sur laquelle on peut cueillir l’homme.Voici pourquoi je trouve simple et naturel de me consacrer à cette musique, sublime – puisqu’elle vient de Dieu, et solennelle – puisque la vie est une célébration.



Que pouvez-vous nous dire de votre expérience de chef de chœur à Paris ?

Le début de mon engagement professionnel à Paris est lié à la fondation de la chorale attachée à l’Eglise serbe de Saint Sava dont les membres, à l’époque, étaient exclusivement des Serbes. J’ai travaillé avec eux durant plusieurs semaines pour former la chorale à chanter durant les liturgies. Une expérience professionnelle que, certes, j’avais déjà vécue, mais également nouvelle car ces chanteurs étaient nés en France où y vivaient depuis si longtemps qu’ils étaient en fait Français. Mon travail avec les étrangers a commencé en 1998. Depuis 2002, je tiens des ateliers à Paris et à Londres , un autre va bientôt s’ouvrir aux Pays-Bas.
Comment ces publics variés réagissent-ils à votre travail, à ce qu’ils entendent ?Ils sont la plus belle preuve que la musique sacrée et le travail sur cette musique conduit l’homme du bas vers le haut. C’est ce que j’ai vécu aussi bien à travers mon travail de chef de chœur qu’à travers les concerts, en France, en Angleterre en Allemagne… Je crois que ce sera le cas partout où je chanterai et travaillerai.


Outre les cours de chants eux-mêmes, existe-t-il une histoire théologique sur le fondement métaphysique du chant ?

Le chant est, dès le commencement, indissolublement lié à une « histoire théologique » , il a donc des fondements métaphysiques. Sous une forme ou sous une autre, le chant existe depuis les temps apostolique et représente le chant angélique adressé à Dieu. Existe-t-il plus grand fondement métaphysique et théologique ? Cela se perçoit bien à travers le texte que porte la mélodie… où qui la porte.


Que pensez-vous des tendances actuelles d’ethno music et de world music ?

Il existe une telle offre qu’elle en donne mal à la tête !! Nous sommes entrés dans un zone dangereuse où la raison de chanter n’est plus l’éducation mais la popularité et le gain personnel. Mais cette musique est très écoutée, ce qui montre combien règne l’impersonnalité. Heureusement, les modes sont toujours fugaces et rares sont les spécimens qui connaissent un succès durable.


Pourquoi insistez-vous sur l’authenticité ?

Vous savez, l’authenticité est un impératif permanent, exigeant un perfectionnement incessant. Mélanger « mon son » avec des expressions modernes, électroniques, n’est admissible que dans les limites du bon goût.

Dossier de presse
DIVNAMystères Byzantins
Contact presse : Franck LaurentEditons Jade, 35/37 rue des petits champs, 75001 Paris
Tel : 01 44 50 59 94 / 06 07 61 14 88 / jade@milanmusic.fr


Monastère de la Présentation de la Sainte Vierge, Belgrade

Le Chœur et Studio pour la Musique Sacrée MÉLODI a été fondé en 1991 au monastère de la Présentation de la Sainte Vierge à Belgrade. Cette formation accompagne chaque dimanche et chaque jour de fête le service liturgique. La chorale a pris le nom de son protecteur, saint Roman le Mélode, le Doux Chanteur, l’un des premiers et des plus grands poètes de l’église orthodoxe. Le mot " mélode " est d’origine grecque et signifie : chantre, chanteur.L’ensemble est composé de 25 chanteurs dont certains collaborent avec la directrice du Chœur , Divna Ljubojevic , depuis 1988. Le répertoire du Chœur MÉLODI s’attache essentiellement aux œuvres de musique sacrée orthodoxe, depuis les plus anciennes pièces monodiques ou polyphoniques byzantines, serbes, bulgares et russes jusqu’aux œuvres d’auteurs contemporains. Outre le service liturgique, le Chœur a donné plus de 70 concerts à travers le pays. Il a participé au festival " Les chorales parmi les fresques " à Belgrade (six années consécutives), où il a obtenu en 2000 le Prix Voïslav Ilitch , dans la catégorie « Meilleure chorale ». Mélodi a également participé au Festival International de Musique Sacrée à Novi Sad, à l’Académie Spirituelle d’Eté du monastère de Stoudénitza, et aux Jours de Mokranjac à Négotin où elle a reçu la Plaquette d’or…; elle a également participé à de nombreuses émissions pour des stations de radio et de télévision serbes (BK Télévision, TV Studio B, RTS, etc…) Deux projets internationaux sortant du répertoire traditionnel de l’ensemble ont également été remarqués. Ce sont La petite messe solennelle de G. Rossini avec les solistes de l’opéra de Bâle, et, en coopération avec le Studio for Ancient Music, l’opéra baroque Didon et Énée de H. Persle .


Divna Ljubojevic

Directrice du Chœur et du Studio de Musique Sacrée MELODI, Divna Ljubojevic est née à Belgrade en 1970. Elle a étudié à l’École de Musique Mokranjac de Belgrade et est diplômée de l’Académie de Musique de Novi Sad. Dès l’enfance, elle a pratiqué le chant religieux avec le chœur du monastère Vavedenje où elle a été formée par des moniales qui cultivaient minutieusement le style unique issu du chant de Karlovatz et chérissaient fidèlement le chant traditionnel Russe.Elle a commencé à diriger en 1988, d’abord le Chœur Mokranjac, avec qui elle a donné de nombreux concerts tant dans son pays qu’à l’étranger, et en particulier la première Liturgie de Pâques sous le dôme de l’Église St. Sava à Vratchar. Entre 1989 et 1991, elle a dirigé la Première Société Chorale de Belgrade, devenant ainsi «la plus jeune chef d’un groupe vocal dont la création remonte à 1853 ». Avec cet ensemble représentatif de la tradition la plus ancienne, elle a donné de brillants concerts, particulièrement en Grèce aux Festivals de Musique Sacrée de Delphe, Kardica et Kefalonia.En tant que pédagogue (musique chorale et solfège), Divna Ljubojevic a remporté de nombreux prix lors de compétitions d’écoles de musique. En 1997, avec la bénédiction de l’Évêque Orthodoxe de Luka, elle a fondé un chœur à l’Église St. Sava de Paris, avec qui elle a donné des concerts de musique liturgique slave et grecque à Bruxelles, Senlis et Paris. Elle a également enseigné le chant choral à l’Académie musicale d’été d’Amilly (France). Aujourd’hui elle consacre l’essentiel de son activité artistique au Chœur MELODI qu’elle a fondé avec un groupe d’amis et d’associés.


Extraits de Presse

L’église du monastère remplie jusqu’à la dernière place levait souvent le regard hier, pendant la liturgie solennelle, vers la galerie avec la chorale. Les fidèles se demandaient à qui appartenaient ces voix qui rendaient la Liturgie de Pâques encore plus solennelle, et les prières encore plus sublimes. (" Politika ", 24 avril 1995, à l’occasion de la Liturgie de Pâques célébrée au Monastère de la Présentation.)
Une démonstration extraordinairement marquante, raffinée, authentique, du vieux chant orthodoxe. (" Politika ", 28 juillet 1996, à l’occasion de la Cinquième Académie spirituelle du Monastère de la Présentation ).

La chorale MÉLODI, dirigée par Divna Ljubojevic,(…) un ensemble noble aux sons finement équilibrés, réalisant des interprétations des chants sacrés byzantins, serbes, russes et bulgares d’une très haute portée (" Journal de Novi Sad ", 3 octobre 1996, à l’occasion du deuxième Festival de Musique Sacrée de Novi Sad).